Cet été, Dimanche vous invite à découvrir les chapelles et autres lieux de dévotion qui meublent les carrefours et autres chemins de nos régions. En plusieurs endroits, ces lieux hérités du passé ont été rafraichis par des bénévoles du présent. Première carte potale: le Bon Dieu qui croque, dans le Brabant wallon.
Par un beau matin d’été, nous avons rendez-vous au Bon Dieu qui croque. Une ferme porte ce nom au nord-ouest de Nivelles, mais dans ce cas-ci c’est la chapelle un peu plus loin qui nous intéresse. Ce Calvaire se dévoile sur la route partant du contournement nord de Nivelles en direction d’Ittre. Dans un tournant, le conducteur ou le marcheur appréciera ses grilles repeintes en vert, les murs fraichement mis au propre, les statues nettoyées et quelques fleurs qui décorent l’ensemble.
Nous profitons d’un peu de calme, entre les passages des voitures et un lâcher de pigeons dans le champ d’à côté, pour écouter l’historique de ce chantier raconté par l’abbé Bernard Bracke. Le prêtre nommé au service des différentes paroisses de Nivelles depuis sept ans, s’est rapidement intéressé à ces lieux qui rendent « la foi accessible à tous, quand on marche ou qu’on promène le chien. » La restauration des chapelles et autres sites de dévotion populaire s’est inscrite dans les activités du groupe Laudato Si’ (du nom de l’encyclique du pape François promouvant un « cadre de vie agréable pour chacun »). Par ce projet, différentes générations sont rassemblées: des paroissiens d’un certain âge évidemment, mais aussi des jeunes.
Le vent souffle
Un répertoire régulièrement remis à jour recense près de 120 lieux de piété sur le territoire des paroisses de Nivelles. Certains sont de simples potales, c’est-à-dire des niches dans un mur comprenant une statue de Marie ou d’un saint, d’autres sont plus étoffés comme les calvaires ou les chapelles. La volonté de remettre ces lieux en état passe parfois par une véritable enquête locale pour savoir qui en est propriétaire et qui détient les clés. Après une première expérience de rénovation réussie autour de la chapelle sainte Barbe à Nivelles (présentée dans Dimanche n°35 en 2019), le groupe des volontaires autour de l’abbé Bracke s’est occupé, l’année dernière, du calvaire du Bon Dieu qui croque. Entre les différents confinements de 2020, les jeunes et les paroissiens ont libéré du temps pour remettre ce lieu en état.
Cette chapelle doit son nom à la croix installée en son centre. Sur cette croix en bois, sur lequel trône le Christ désigné comme « le Bon Dieu », le vent quand il soufflait faisait entendre une sorte de craquement. La déformation naturelle de cette expression donne ce nom bizarre: le Bon Dieu qui croque. Selon l’inscription sur la chapelle, elle existerait depuis le milieu du XIXe siècle. En plus du Christ en croix, le petit espace s’est étoffé de deux statues de St Jean et de Marie-Madeleine au pied de la croix. Dans une niche à l’arrière-plan, une représentation de la Vierge Marie a été installée depuis la rénovation de l’an dernier. Il reste une niche encore vide sur la gauche de la croix.
A pied d’œuvre
Il y a tout juste un an, nous aurions pu assister au chantier réunissant quelques jeunes et l’un ou l’autre adulte. En plus de la chapelle proprement dite, les volontaires ont pris en charge l’environnement immédiat du lieu. Un banc de couleur claire était installé face à la route, sur le côté de la chapelle. Une fois nettoyé, ce banc a été repositionné de façon plus stable, pour permettre aux personnes assises de voir le Christ en croix. Les quelques dalles qui amènent à la grille extérieure de la chapelle sont remises droites. Enfin, deux catadioptres ont été installés sur des poteaux en bois pour améliorer la visibilité de ce lieu de dévotion.
L’essentiel des travaux a eu lieu à l’été 2020. Croyants ou non, les habitués prennent soin que l’environnement reste propre et en bon état. Ainsi, les marcheurs, les cyclistes ou les touristes peuvent-ils découvrir un lieu de halte propice à l’intériorité. Certains n’hésitent pas à glisser un bouquet de fleurs sur la grille ou à poser une bougie sur le sol. Peut-être était-ce ce que les générations précédentes ont fait depuis la construction de cette petite chapelle… L’abbé Bernard Bracke émet cette hypothèse: « les gens marchaient beaucoup plus que nous. Sur la route, ils avaient besoin d’un lieu pour s’abriter et pour prier. »
Actualiser les représentations
Pour faire face à la rénovation de ces lieux de dévotion, la petite équipe peut compter sur la bonne volonté, quelques dons financiers, mais aussi sur des objets religieux qui arrivent spontanément aux presbytères. Dans la petite niche derrière la Croix du Bon Dieu qui croque, le passant verra une statue de la Vierge. Elle a été choisie parmi un ensemble de statues données par les familles après un déménagement ou un décès. « Quand les enfants ne savent pas quoi faire des objets religieux, confie l’abbé Bracke, ils nous les offrent. » Le stock est assez varié pour pouvoir remplir les niches vides de ces chapelles et potales. » Le prêtre relève quand même: « quand une niche est vide, nous pouvons aussi la combler avec un objet plus actuel, comme une icône du Père Damien, par exemple. »
Les volontaires de l’unité pastorale de Nivelles ne se sont pas arrêtés à cette chapelle au nord-ouest de Nivelles. Après le Bon Dieu qui croque, d’autres lieux sont en cours de rénovation. Chaque chantier donne l’occasion de nouer des contacts entre les habitants du quartier, les agriculteurs aussi et les volontaires rassemblés sur place. « Une fois que nous avons découvert un lieu, reconnaît le jeune vicaire, on ne passe plus devant, indifféremment. » Les enfants de la catéchèse s’en sont rendus compte puisqu’une des activités en extérieur proposée ces derniers mois consistait à circuler entre les chapelles et potales du centre-ville. Pour ceux qui voudraient faire de même, à plus grande échelle, le répertoire est accessible sur le site internet de l’unité pastorale de Nivelles.
Anne-Françoise de BEAUDRAP
Crédit: CathoBel afdb