Professeur émérite à l'Université catholique de Louvain et ancien vicaire général du diocèse de Liège, l'abbé Alphonse Borras figure parmi les 25 membres de la Commission théologique, en charge d'assister le secrétariat du Synode des évêques, qui débutera en octobre prochain.
L'abbé Borras se dit "honoré d'être associé à cette démarche de l'ensemble de l'Eglise catholique". Il voit dans cette nomination "une reconnaissance de l'intérêt porté sur ce sujet". En effet, le professeur de théologie publiait, dès 1996, un article consacré à "la synodalité du Peuple de Dieu".
"Une dimension constitutive"
A de très nombreuses reprises, le théologien s'est penché sur cette thématique, réfléchissant "sur le plan canonique à propos de la synodalité et de l'ecclésiologie participative des fidèles à l'Eglise. En vertu de la communion entre tous les baptisés, ceux-ci participent à la mission de l'Eglise. Il s'agit d'une dimension constitutive de la vie de celle-ci. Au fil de l'histoire, elle a été honorée différemment", précise-t-il. Il ne s'agit donc pas d'un sujet d'actualité, qui serait soudainement mis au goût du jour par le pape François.
Les fidèles impliqués aussi
La participation des fidèles est inhérente à leur vocation et à leurs charismes respectifs, précise encore l'abbé Borras. Ce n'est, en aucun cas, "une question intra-ecclésiale", réservée aux seuls membres officiels de sa structure. "La participation des fidèles est une participation à l'annonce de Dieu dans le monde d'aujourd'hui. Dieu travaille dans le cœur de tous les humains", insiste le théologien. "La synodalité, ce n'est pas pour sauver l'institution paroissiale. La synodalité est, au contraire, focalisée sur la mission. Le pape François nous invite à redécouvrir l'élan missionnaire dans le quotidien de nos vies, comme un décodeur de l'action de Dieu aujourd'hui. Il s'agit de porter et de partager l'espérance avec nos contemporains." Si le concept de synodalité paraît toutefois "abstrait", sa signification relève de "l'implication des fidèles, en vertu de leur baptême, à la mission de l'Eglise. L'obsession sur le nombre de ceux-ci est mal à propos", relève encore celui qui a occupé la fonction de vicaire général du diocèse de Liège pendant près de 20 ans (2001-2020).
Un travail préparatoire
Chargée d'assister le secrétariat du Synode des évêques, la commission de théologie a déjà eu l'occasion de se réunir en juin par écrans interposés et de "contribuer à l'élaboration du document préparatoire qui va bientôt être communiqué en version française. Dès septembre, il sera largement diffusé et constituera un incitateur à la réflexion. L'intérêt est d'amener les catholiques à prendre la mesure de leur réalité ecclésiale. C'est une pratique d'Eglise participative", poursuit le professeur de théologie, soulignant encore l'existence de nombreux lieux où la Parole peut être partagée, y compris en Belgique. En ces temps désenchantés, l'important pour les catholiques n'est-il pas de "faire signe plutôt que de faire nombre" et de témoigner au cœur même du monde ?
Angélique TASIAUX
Agenda du prochain synode