C'est saint Eloi de Noyon qui s'est vu décerner les honneurs des affiches assurant la promotion de l'exposition "Ceci n'est pas un Saint". Une nouvelle scénographie présente les œuvres du musée diocésain namurois et souligne l'évolution du rapport du christianisme aux images.
Bousculée ou pour le moins actualisée, la mise en scène revisitée prend en compte l'évolution sociologique de la société contemporaine. La diminution de la pratique religieuse ne se marque pas uniquement par une présence moins grande lors du culte, mais aussi, et surtout, par la perte d'une connaissance religieuse. C'est tout un pan des clefs de lecture du patrimoine religieux qui risque, dès lors, de passer à la trappe. D'où la nécessité de s'adapter au monde ambiant et d'accompagner les mutations en cours.
Gracieusement distribué, un livret accompagne la visite et situe dans un contexte historique les œuvres épinglées. "Aujourd'hui, alors que les images règnent en maître dans la société occidentale, la spiritualité semble se réfugier dans un monde plus dépouillé. Les images provenant des églises ont perdu leur vertu médiatrice pour endosser le statut d'œuvres d'art. (…) les images, qu'elles soient peintes ou sculptées, n'étaient jamais une finalité en soi. Les œuvres réalisées par les artistes répondaient à un besoin et avaient une fonction dans le culte et la dévotion", peut-on y lire. Différents niveaux de lecture ont été envisagés dans les explications apportées au sein du nouveau parcours. "Huit thèmes ont été développés pour explorer une fonction et mettre l'accent sur ce que l'image évoque", précise Hélène Cambier, la conservatrice du lieu. Parmi ceux-ci, épinglons : 'exprimer la présence de la divinité', 'susciter la compassion' ou encore 'émerveiller et protéger'. Elle considère cette déclinaison comme "un retour aux fondements de ce qui explique la présence de toutes ces représentations. Le christianisme est une religion de l'image, qui s'appuie sur celles-ci. Dieu a d'ailleurs commencé par créer l'homme à son image."
Le soutien du CIPAR
Intimement mêlé aux activités du CIPAR, le Centre interdiocésain du patrimoine et des arts religieux, le musée diocésain "vise à inspirer les fabriques d'église, en étant un centre d'expertise. Il se trouve aussi en lien avec la politique patrimoniale du diocèse de Namur". Au sein du musée se retrouvent des pièces du diocèse en dépôt, arrivées par exemple à l'occasion de travaux dans une église ou envoyées pour leur garantir une meilleure sécurité. Il arrive toutefois que certaines pièces sortent du musée, le temps d'être exposées au regard des fidèles lors d'événements festifs. C'est le cas de deux sculptures des saints Pierre et Paul, datant du XVIe siècle, qui se trouvent rapatriées à Franière, près de Namur, pour être portées en procession, le dimanche qui suit la fête des deux apôtres. "L'intention n'est pas de vider les églises !", assure Hélène Cambier, qui souhaite inciter les fabriques à valoriser leur patrimoine, même de manière occasionnelle, par exemple lors d'une journée du patrimoine ou à l'occasion d'une exposition temporaire.
Des travaux encore à venir
Si la première partie du musée a bénéficié d'un nouveau parcours, ce n'est pas encore le cas de la seconde partie de la salle. Celle-ci concerne le trésor de la cathédrale Saint-Aubain, là où se trouve précisément le musée. Parmi celui-ci figurent la couronne-reliquaire (XIIIe siècle) et son écrin, l’autel portatif avec ses sculptures en ivoire de morse ou encore des verres reliquaires, autrefois des verres à boire. Hélène Cambier constate que si "les objets liturgiques sont nébuleux, ils sont aussi plus concrets" et, dès lors, plus faciles d'accès. "La fonction et l'histoire des objets du trésor reflètent l'histoire de la cathédrale depuis sa fondation au XIe siècle. Ils permettent de visualiser cette histoire." La valorisation de la deuxième partie est envisagée d'ici deux ans. Il s'agira alors de mettre en valeur des objets de culte, des manuscrits, des textiles ou encore des insignes épiscopaux. La rénovation du musée est, assurément, en bonne voie !
Angélique TASIAUX
Le musée diocésain est ouvert les jeudis d'été, de 14h à 17h, ou sur réservation pour les groupes.
L'entrée s'élève à 4€, hors réduction.
Infos - 0498 71 03 16