Le domaine de l’abbaye de Parc vaut assurément le détour. Restauré avec des moyens financiers conséquents, l’ensemble restitue avec éclat les pièces anciennes et la magnificence de l’abbaye des Prémontrés. Deux expositions y sont actuellement présentées.
Installée à une demi-heure à pied du centre de Leuven, l’abbaye de Parc (et non du Parc) est un joyau, traité depuis quelques années comme tel par les dirigeants politiques qui ont saisi l’importance de ce patrimoine architectural et paysager. C’est ainsi que des travaux de réhabilitation du domaine ont été entrepris il y a une quinzaine d’années. Ils devraient prendre fin en 2025. Dans une même volonté de protection du patrimoine, les plafonds en stuc du réfectoire et de la bibliothèque ont été classés chefs d’œuvre flamands, tout comme 20 vitraux de Jan de Caumont retrouvés et réunis dans le cloître, datant, eux aussi, du XVIIe siècle et évoquant la vie du fondateur des Prémontrés. Né dans le nord du Limbourg néerlandais, Norbert de Gennep était destiné à une vie d’apparat et de cour. Pourtant, une chute de cheval, un jour de foudre, va en décider autrement.
A la mémoire des Norbertins
L’année 2021 marque les 900 ans de la création de l’ordre des Prémontrés par Norbert de Gennep. A cette occasion, l’exposition temporaire « Comme l’éclair » met en valeur l’histoire de l’ordre religieux et rassemble des chefs d’œuvre issus de différentes abbayes du pays, comme celle d’Averbode, de Tongerlo, de Grimbergen ou de Leffe. C’est la règle de saint Augustin qui sert de fondement à l’ensemble de cet ordre, à l’essor remarquable dès le XIIe siècle. En à peine 15 ans, une cinquantaine d’abbayes, créées de toutes pièces ou le rejoignant, s’inscrit dans sa mouvance à travers l’Europe. Parmi les pièces rarement exposées se trouvent plusieurs atlas terriers, les ancêtres du cadastre actuel, coloriés à la main. Et l’accès est exceptionnellement autorisé à l’appartement privé du père-abbé. Dans celui-ci, dont l’aménagement remonte au XVIIIe siècle, figurent une chapelle et une bibliothèque personnelles, toutes deux aménagées dans des pièces aux portes vitrées attenantes. Un bijou à contempler! Récemment restaurée, la bibliothèque de l’abbaye, à l’étage, possède de vastes dimensions. Son plafond orné de la conversion du saint fondateur, des quatre évangélistes et pères de l’Eglise mérite une minutieuse observation, au point que des sièges couchés ont été disposés dans la salle. Même aspect spectaculaire pour le plafond du réfectoire, réalisé par Jan Christian Hansche au XVIIe siècle. Durant cette période particulièrement féconde pour les Pays-Bas méridionaux, les abbayes jouent un rôle de mécènes, soutenant de nombreux artistes exaltant la foi catholique. Les objets présentés le rappellent, qu’il s’agisse des vêtements brodés pour célébrer la liturgie ou de peintures suscitant la piété.
Les fondamentaux du culte
Dans le domaine de Parc se trouve également le siège du Parcum, le centre d’expertise de l’art et de la culture religieux, l’équivalent flamand du CIPAR, le Centre interdiocésain du patrimoine et des arts religieux. Une exposition permanente permet d’y appréhender de multiples objets, ordinaires ou exceptionnels, à connotation religieuse. Un audioguide restitue la fonction des pièces présentées et leur contexte historique. La volonté didactique y est évidente. Les commentaires partent, en effet, du principe selon lequel les visiteurs n’ont pas ou plus de culture religieuse. Il s’agit donc de les informer avec précision, sans a priori. Statue de sainte, poupée de l’enfant Jésus, trousseau de vêtements cousus, bandelette précieuse, peintures dont un Christ de Michel Coxcie, ailes vaporeuses d’anges, menu matériel de bricolage pour créer des jardins enclos, fleurs en tissus, reliques venues de Jérusalem, plateau de théâtre pour représenter la messe ou le baptême, cartes de communion, tronc pour la collecte… L’ensemble fourmille de détails, loin d’être anecdotiques. Vestiges du passé, ils proviennent directement d’églises ou de congrégations et témoignent d’un attachement historique à une foi, celle des catholiques.
Le site de Parc connaît un grand succès et les promeneurs y sont nombreux, tant l’environnement y est accueillant. Assurément à découvrir.
Angélique TASIAUX