Le confinement a sans doute exacerbé la solitude mais aussi les problèmes. Avec toutes les mesures sanitaires, difficile d’encore trouver une oreille attentive pour partager son désarroi. Heureusement, il reste le téléphone! Luc est bénévole au service Tél-Ecoute-Prière et partage la profondeur de ces moments d’écoute.
Depuis 1994, des chrétiens accueillent au téléphone ceux que la solitude isole ou qui veulent confier les soucis de la vie. Il suffit de composer le 02/721.30.21 pour atteindre le service Tél-Ecoute-Prière (TEP). Celui-ci a tenu à être « sur le pont » en augmentant les heures d’écoute et son équipe de bénévoles. Cela permet donc d’assurer une présence sept jours sur sept auprès de ceux que le confinement a plongé dans une solitude plus grande encore. Luc partage: « Le TEP a forcément reçu plus d’appels. Nous avons entendu monter une certaine angoisse, surtout chez les personnes seules, dans les résidences, qui n’avaient plus de contact avec leur famille et se sentaient quasiment abandonnées. » Il explique que beaucoup d’appels ont aussi trait à des épreuves très lourdes. L’abandon par le conjoint, un héritage mal vécu, une maladie, des problèmes professionnels, une inquiétude vis-à-vis de la vie sont les thèmes très récurrents. « Mais, relève Luc, ils sont plus forts maintenant. »
Rétablir la connexion à Dieu
La litanie des plaintes peut être parfois très longue, relève Luc. Si les bénévoles sont là pour écouter, la spécificité du service TEP est surtout la prière; mais, souvent, les appelants croient qu’ils ne savent plus le faire. Luc aime dire que le partage est déjà prière. « Exprimer au Seigneur ce que l’on vit peut se faire par des paroles toutes simples. Il m’arrive de dire que l’appel est comme un cri déjà dans le cœur et l’oreille de Dieu. »
Pouvoir verbaliser une situation douloureuse amorce déjà la guérison ou la prise de conscience. L’écoutant est présent mais veut surtout laisser l’écouté entrer en relation avec Dieu. C’est pourquoi Luc propose souvent de dire simplement: « je compte sur Toi », « amen » ou « merci Seigneur ».
Ressentir la proximité
Les écoutants ont une relation personnelle et vivante avec le Seigneur. L’Evangile et le Seigneur ont beaucoup de place dans ce service: « Dans la plage d’écoute qui nous est impartie, nous sommes dans la prière même s’il n’y a pas d’appel. J’ai le Magnificat sur mes genoux, ma Bible à portée de main et mon chapelet. Tout cela baigne dans la présence de Dieu et permet d’offrir un chemin de pardon, de guérison, de croissance, et parfois même un chemin spirituel. »
Pour les bénévoles du TEP, c’est souvent l’occasion de parler de la proximité de Dieu dans nos vies. Un appelant témoigne: « je vous entends tellement confiant qu’à mon tour je reprends confiance ». Ainsi donc, Luc explique que cela donne une grande espérance de s’en sortir à ceux qui se sentent perdus: « Nous sommes confiants que même si leur situation est pénible, elle va déboucher sur quelque chose de positif; car le plan de Dieu n’est pas de les laisser mariner dans leurs épreuves. »
Et après?
« Quand on se crispe sur une situation et que l’on veut tout gérer soi-même ou s’enfermer dans la situation, on empêche le Seigneur d’intervenir. Il faut aussi pouvoir inviter les personnes à se laisser toucher, guider, aimer, être entourée de la tendresse et la patience de Dieu. »
Vingt minutes ne suffisent pas toujours, aussi Luc et les autres bénévoles proposent un « service après-vente »: « Je promets aux gens que je vais prier pour eux. Pendant l’Adoration, qui suit souvent la plage d’écoute, je parcours les notes que j’ai prises et je dialogue avec Dieu, lui évoquant à nouveau tout ce qui a été partagé. Parfois même, je négocie pour que le Seigneur se hâte à donner un signe de sa présence. »
Les écoutants essaient d’entendre avec le cœur et que l’Esprit saint leur inspire la bonne compréhension de ce qui est en jeu. « L’angoisse résulte peut-être d’une situation de rancune très grave qui sépare la personne de ceux qu’elle aime ou aimait. Cette solitude est subjective et a souvent été provoquée par la personne elle-même. Comprendre cela, nous permet d’ajuster la prière qui va être faite. Nous mettons en avant la justice du royaume – c-à-d de vivre dans l’amour, de renoncer à la haine et à la rancune. »
Par leur écoute, ils assurent de la présence de Dieu même dans l’épreuve. Les bénévoles du service TEP offrent une touche d’espérance, de lâcher prise et de confiance.
Nancy GOETHALS
Via le 02/721.30.21, 7 jours sur 7 de 9h à 12h (sauf le dimanche matin), de 14h30 à 17h30 et de 19h à 21h (sauf le samedi soir). Pour plus d’infos: www.tel-ecoute-priere.be. Dons bienvenus sur le compte BE80 0636 8155 5377. Pour en savoir plus sur l’histoire du service Tél-Ecoute-Prière, ré-écouter sur Cathobel « Il était une foi »: « Appeler pour briser le confinement ».
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