
Yvan Tasiaux (en veste noire) aux côtés de son compagnon
Une semaine après la divulgation dans la presse du ‘responsum’ donné par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur la question des bénédictions d’unions homosexuelles, suivi de la réaction de l’évêque d’Anvers, Mgr Bonny, voici un témoignage recueilli par la rédaction de Cathobel.
C’est en voyant des caricatures circuler sur les réseaux sociaux, après avoir été alerté par des amis, que Yvan Tasiaux prend connaissance de l’avis publié par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. « Je suis déçu« , répond-il à ces amis qui l’interrogent sur cette confirmation de l’interdiction d’une bénédiction des unions homosexuelles. « Et pourtant, je croyais que le pape François avait opéré quelques ouvertures« , regrette-t-il aussi. Il s’interroge donc: « est-ce que ses paroles n’ont pas été détournées? »
Yvan Tasiaux a vécu « 15 ans de fidélité », selon ses mots, avec Lucien, son compagnon décédé en 2016. Tous les deux ont fait le choix de ne pas se marier civilement, ni se pacser pour ne pas copier ce qui existe pour les couples hétérosexuels. Yvan comprend toutefois qu’une bénédiction à l’église puisse être vécue par un couple comme « un rayon de soleil dans la grisaille ambiante ». Cette démarche pourrait aussi montrer que les deux personnes bénies sont aussi des enfants de Dieu, qu’elles ne sont pas laissées au bord du chemin.
Dans son cas personnel, Yvan Tasiaux s’est senti entouré malgré sa vie en couple avec un homme. Quand Lucien est décédé d’un cancer il y a cinq ans, « il y avait plein de monde à ses funérailles et je n’ai pas été mis de côté« . Lui-même est très investi dans la vie paroissiale. Encore aujourd’hui, il est chargé du blog paroissial de sa région dinantaise. Cette dimension religieuse a aussi un impact sur son choix de vie. « Être en couple, c’est un beau signe pour le monde« , remarque-t-il. Pour Yvan Tasiaux, si les bénédictions homosexuelles devaient un jour être permises, « elles ne se feraient pas à trois personnes, à savoir le couple et le célébrant, mais en présence de la communauté, certainement au cours d’une eucharistie dominicale« .
En repensant au responsum de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ce sexagénaire constate : « ce visage de l’Église me fait perdre confiance. Heureusement, la réaction de l’évêque d’Anvers donne un peu d’espoir. » Il reste donc un peu de temps à Yvan Tasiaux avant qu’il se laisse décourager par ces amis non-croyants qui l’interrogent : « pourquoi croyez-vous encore dans cette Église ? »
AF de B.
Témoignages et analyses sur ce dossier d’actualité à paraître dans le journal Dimanche n°14 (daté du 28 mars 2020)