Comme souvent avec les ASBL, c’est une bien belle histoire qui est à l’origine de la création d’Oxybulle. Stéphanie van Steenberghe, sa fondatrice, s’était promis d’ouvrir un jour un orphelinat. Touchée par les enfants en situation de précarité, elle voulait mettre sa pierre à l’édifice et contribuer à de meilleurs lendemains. C’est en cours de réalisation en plein Namurois.
Constituée en ASBL indépendante il y a moins d’un an, Oxybulle est une émanation de l’ASBL Peluche, qui a choisi de recentrer ses activités en Région bruxelloise. Installée au cœur de la province namuroise, Oxybulle s’est donné pour mission de collaborer avec des maisons d’accueil locales. En Wallonie, un enfant sur vingt est à un moment donné de son parcours en contact avec un service de protection ou d’aide à la jeunesse. Il peut s’agir de difficultés temporaires ou d’un danger tel qu’il implique un placement en institution. Celle qui a travaillé en Afrique dans le cadre de la coopération internationale le constate avec effarement: « il y a beaucoup à faire chez nous. Pourtant, on se dédouane souvent avec un don et les gens dans le besoin sont ignorés… »
Une double approche
Deux types d’activités se trouvent déclinées: les loisirs et le soutien scolaire des enfants hébergés dans les maisons d’accueil. A ce jour, onze volontaires sont engagés au côté de Stéphanie. Mais il y aurait de quoi occuper une trentaine de personnes, tant les demandes sont nombreuses. Quelles sont donc les qualités attendues? « Etre flexible, créatif, bienveillant, savoir rebondir face à un imprévu… Chaque maison d’accueil a son système d’éducation, comme chaque famille. Il y a des différences notoires. Oxybulle veut restaurer le lien avec les enfants, être là pour ceux qui n’ont rien pendant les week-ends et les vacances scolaires. » Du coup, l’engagement des volontaires repose sur une durée minimale d’une année, afin d’éviter de nouvelles ruptures dans le cœur des enfants. Le soutien scolaire est envisagé de manière récurrente, toutes les semaines par exemple. En revanche, l’animation des loisirs se fait plus ponctuelle, puisqu’elle peut être mensuelle. Une certaine forme de souplesse préside à l’organisation des activités. « Les enfants voient passer beaucoup d’adultes. Il est important qu’ils puissent reconnaître les volontaires. C’est un gage de stabilité pour eux », nous précise Anne Salaun, volontaire et membre du conseil d’administration de l’association. « Nous arrivons à connaître les enfants lors des activités. Nous les voyons évoluer. Ce sont des enfants comme les autres, avec leurs bons et moins bons jours. Un enfant réticent à suivre les consignes peut, ensuite, gagner en maturité. » Le choix des activités est laissé à la libre appréciation des volontaires, qui les sélectionnent selon leurs affinités: sportive, culturelle… Parmi celles déjà réalisées, Anne Salaun se souvient d’avoir été en balade avec un âne et deux enfants de quatre ans, en promenade au domaine de Chevetogne, en visite dans une ville, mais aussi d’avoir participé à une activité de sensibilisation à l’environnement… La liste est aussi longue que les envies.
La gratuité au cœur des échanges
« Les rencontres avec les enfants sont nourrissantes et font réfléchir », précise encore la fondatrice de l’ASBL. Agés de 32 à 65 ans, les volontaires ont des profils différents, certains sont en début de carrière, d’autres à la retraite. Tous ont en commun l’envie d’être là, sans obligation pécuniaire. Cela permet de « s’intéresser à eux d’une autre manière que rémunérée ». Les enfants y sont d’ailleurs sensibles, conscients que ces adultes sont venus pour eux. Les besoins sont grands, « les situations de plus en plus critiques, les enfants de plus en plus abîmés », observe Marie Ballant, à la fois coordinatrice de foyer d’accueil et membre du CA d’Oxybulle. « On ne voit pas les conséquences de ce que l’on fait dans l’immédiat, mais c’est après. Les enfants ne sont pas reconnaissants, parce qu’ils n’ont pas appris à l’exprimer. » Marie Ballant connaît les besoins des institutions et assure le relais avec l’association. « Les volontaires offrent des temps de plaisir aux enfants. Ceux-ci vivent avec eux des moments qui n’ont rien à voir avec leur placement ni avec leur éducation. Comme ils ne peuvent plus rentrer dans leur famille pendant le week-end, ce sont des bulles d’air pour eux et cela permet aussi un suivi plus personnalisé pour ceux qui restent dans l’institution. » Un double effet bénéfique, sans oublier la joie des adultes engagés dans l’aventure. Parmi les projets de l’association, une formation en lien avec les maisons d’accueil devrait être assurée prochainement.
Angélique TASIAUX
Infos: www.oxybulle.org – 0499 826 891
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