Devenir porte-voix pour un sans-papiers


Partager
Devenir porte-voix pour un sans-papiers
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Une campagne vient de démarrer pour soutenir la régularisation de 150.000 hommes et femmes qui vivent et travaillent dans l'illégalité en Belgique, parfois depuis de nombreuses années. Appel est fait aux citoyens Belges pour être leurs porte-voix.

Près de 150000 femmes, hommes et enfants non régularisés vivent et travaillent souvent dans des conditions indignes, en tout cas dans la peur d'être expulsés. Aux yeux de l'Etat, ils n’existent pas. Aussi, la Coordination des Sans-Papiers de Belgique a décidé de mener une campagne originale pour permettre leur régularisation. Il s'agit d'un réseau autonome de tous les collectifs d'aide aux sans-papiers. Plusieurs organisations catholiques en font partie (Caritas, le Mouvement Ouvrier Chrétien, Pax Christi…).

Donner plus de visibilité

Au quotidien, nous les croisons déjà régulièrement mais ils passent inaperçus. Aujourd'hui, ils s'adressent à la population: "Vous nous connaissez comme la mère d’un ou une camarade de classe de votre enfant, comme l’épicier du coin de la rue, la personne qui fait le ménage dans vos bureaux ou qui dépanne votre chaudière. Comme vous, nous travaillons, nous payons un loyer, nous trions nos déchets, … Bref, nous sommes des citoyennes et citoyens ordinaires. […] Nous vivons [ici] parfois depuis 5, 10 ans, voire beaucoup plus. Certains et certaines d’entre nous sont nés ici… Aussi, nous voulons faire le pari qu’il est possible de mobiliser des citoyens pour représenter chacun d’entre nous et arriver au résultat symbolique de 150.000 porte-voix. Ceci pour démontrer aux responsables politiques qu’aux yeux des Belges, nous sommes aussi la Belgique, nous vous prions aujourd’hui de vous manifester. Portez avec nous, nos revendications."

Citoyens à part entière

Le collectif demande de baser la régularisation des personnes sans-papiers qui se trouvent en Belgique sur des critères clairs tels que les attaches durables, le travail, l'importance de ne pas les éloigner de leur lieux de vie et le risque d’atteinte à leurs droits fondamentaux en cas de retour. Il demande aussi la création d’une commission de régularisation indépendante. Il souhaite par ailleurs l’arrêt de la criminalisation des sans-papiers. Et il souligne l'importance de respecter les droits humains, et en particulier ceux des enfants sans-papiers, au même titre que ceux de tous les enfants. Il appelle aussi à la suppression des centres fermés et à l’arrêt des expulsions violentes et forcées. Des politiques sécuritaires qui, dit-il, coûtent au budget de l’État sans nécessairement assurer plus de sécurité.

Donner sa voix aux sans-papiers

Cette campagne vient de commencer et durera jusqu'à ce que les 150.000 "porte-voix" se manifestent. La pétition sera ensuite soumise auprès de toute personne compétente du gouvernement qui pourra mener à bien ce projet de régularisation et d’espoir pour les sans-papiers. A ce jour, 1.199 Belges soutiennent déjà la revendication.

La dernière opération de régularisation date de 2009. Il est prouvé que les précédentes campagnes de régularisation n'ont pas engendré de nouvelles vagues de sans-papiers, autrement dit "d'appel d’air" (*). La Coordination des Sans-Papiers de Belgique relève que la régularisation de ces êtres humains participe efficacement à la lutte contre le travail en noir et la fraude sociale. A tout le moins, cela permet de rendre leur dignité à ces femmes, hommes et enfants.

Nancy GOETHALS avec Mariam TRAORE (stagiaire)

Pour en savoir plus sur la campagne cliquez sur ce lien

(*) A relire sur Cathobel L'appel d'air n'existe pas et Mieux considérer la plus-value du travail des migrants


Dans la même catégorie