Forte opposition aux robots tueurs en Belgique


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Forte opposition aux robots tueurs en Belgique
Démarrée en 2012, la Campagne pour interdire les robots tueurs sera-t-elle soutenue davantage par la Belgique?_Wikimedia commons_CC by 2.0
Par Nancy Goethals
Publié le
4 min

Démarrée en 2012, la Campagne pour interdire les robots tueurs sera-t-elle soutenue davantage par la Belgique en 2021?_Wikimedia commons_CC by 2.0

Les robots tueurs n'ont vraiment pas la cote! Une majorité de répondants à un sondage international, réalisé dans 28 pays, soutient en effet l'interdiction des robots tueurs. Et les Belges sont encore un peu plus nombreux à s'opposer à leur utilisation.

A la demande des organisateurs de la Campagne internationale contre les robots tueurs, une enquête a été réalisée par Ipsos, en décembre 2020. Les résultats montrent que 62% des répondants sont contre leur utilisation. En Belgique, ce taux atteint même 66%. Cela confirme le fort soutien de la population belge à une interdiction des robots tueurs. C'est ce qui ressortait déjà des enquêtes réalisées en 2017 et 2018 où 63% des répondants belges avaient déjà exprimé leur opposition. Cependant, l'infographie ci-dessous montre que d'autres nations affichent un taux encore plus élevé d'opposants aux armes manipulées par l'intelligence artificielle.

Ipsos 2021 Graphic 4 (TwitterFB) FR_source GRIP

Message clair au gouvernement

"Les robots tueurs sont capables de sélectionner une cible et de procéder à l'attaque sans intervention humaine. Cela signifie que des machines peuvent prendre des décisions concernant la vie ou la mort. Mais est-ce moralement acceptable et légalement et éthiquement justifiable?" C’est en réponse à cette question que le Parlement fédéral a adopté en juillet 2018 une résolution appelant le gouvernement belge à interdire les robots tueurs. Le gouvernement de Alexander De Croo a suivi le Parlement fédéral et, dans son accord de coalition, exprimé sa volonté de parvenir à une interdiction internationale des armes entièrement autonomes. Cependant, le GRIP (Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité) et Pax Christi Vlaanderen - qui participent à la campagne internationale "Stop aux robots tueurs" - déplorent qu'à ce jour, aucune mesure concrète n’ait été adoptée sur la scène internationale.

La Belgique leader aux Nations unies ?

Depuis 2014, la Convention des Nations unies sur certaines armes conventionnelles (CCW) a donné lieu à des discussions sur la réglementation des systèmes d'armes autonomes et le maintien du contrôle humain sur les décisions de vie ou de mort. 172 ONG du monde entier unissent leurs forces au sein de la Campagne contre les robots tueurs qui est active dans pas moins de 30 pays et bénéficie du soutien de près de 4.500 experts en intelligence artificielle. Leur objectif esty d'obtenir un traité international pour interdire les robots tueurs et assurer un contrôle humain significatif sur l'utilisation des armes.

Il est à noter que la Belgique a joué un rôle actif dès le début de ces discussions. De plus, notre pays présidera en 2021 le groupe d’experts gouvernementaux (GGE) qui examine la question de ces armes robotisées. Néanmoins, après plus de 6 ans de discussions, aucun résultat concret n’a encore été atteint au sein du GGE.

Ipsos 2021 Graphic 2 (TwitterFB) FR_source GRIP

Agir de toute urgence

Le GRIP et Pax Christi Vlaanderen appellent donc le gouvernement belge à passer de la parole aux actes. Déjà en novembre 2019, la coalition WING (War Is Not a Game) appelait la Belgique à profiter de son siège non permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies pour faire avancer le dossier sur les enfants soldats (article à lire sur le sujet: Mobilisation générale pour les enfants-soldats). Cette fois-ci encore, le GRIP et Pax Christi Vlaanderen espèrent que notre pays profitera de son rôle de président du GGE pour être un pionnier dans le lancement des négociations sur un traité d'interdiction des robots tueurs. Cela répondrait au souhait de la population et du parlement belges.

"Un nombre croissant de personnes dans le monde, mais aussi en Belgique, s'accordent à dire que les robots tueurs n'ont rien à faire dans la guerre. Nous espérons donc que le gouvernement entendra l'avis de 66% des Belges et prendra des mesures concrètes en vue de la négociation d'un traité d'interdiction cette année", a déclaré Merel Selleslach de Pax Christi Vlaanderen.

"Le développement d'armes de plus en plus autonomes ouvre la porte à des situations où l'être humain perd peu à peu le contrôle sur l’usage de la force. C'est pourquoi une interdiction des robots tueurs est urgente et indispensable", complète Stan Brabant du GRIP.

Comme nous le relevions dans la problématique des enfants-soldats, il s'agit d'un problème international qui nous concerne tous. Les Belges y sont sensibles. La balle est dans le camp du gouvernement.

Nancy GOETHALS avec communiqué de presse

 

Catégorie : International

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