De nos jours, de plus en plus d’enfants doivent composer avec des beaux-parents. D’où l’idée de s’interroger sur les implications de ces nouvelles structures familiales. « Le nouveau parâtre » fait le point sur de multiples réalités contemporaines.
Diane Drory signe un mode d’emploi, sans fiche technique, mais en abordant de nombreux cas de figure, exemples à l’appui. L’ouvrage est dense et sera probablement utile pour les partenaires coopérant au sein d’une même famille. Le parâtre, en voilà un nouveau mot étrange, qui ressemble à celui décerné à la marâtre. Toutefois, Diane Drory précise qu’il est nouveau, comme tend à le confirmer le sous-titre « quand il aime l’enfant de l’autre ». Le livre aurait d’ailleurs pu s’appeler « T’as rien à me dire, t’es pas mon père ». Si ce sont les beaux-pères qui sont sur la sellette, la psychologue estime que les trois-quarts de son ouvrage s’adressent également aux belles-mères.
Diane Drory en convient, la rupture du lien entre les parents s’avère « un ébranlement émotionnel; la structure psychique et physique en souffre ». Et très souvent l’enfant est inquiet à l’idée d’une extension de cette rupture du couple conjugal à celui, tout aussi fondamental, du lien parental. La distinction n’est pas évidente à intégrer pour un enfant, qui redoute d’être, à son tour, moins aimé.
La parentalité démultipliée
Dans certains cas, l’arrivée d’un beau-père est une aubaine pour le jeune, dans la mesure où celui-ci représente « un lien d’attachement en plus », une personne supplémentaire sur laquelle compter et un adulte pour le valoriser. La place du nouveau venu est-elle pour autant simple à acquérir ? L’accepter dans la cellule familiale n’implique pas automatiquement le fait de lui réserver un espace… Et là, une distinction s’opère entre le rôle éventuel d’un beau-père et celui d’une belle-mère « dont la place et le rôle sont plus facilement repérables ». Celle-ci s’investit généralement dans des tâches pratiques et récurrentes, qui la rendent, en quelque sorte, incontournable. « Dans une société de plus en plus matriarcale, la place du beau-père dépend de la manière dont la mère légitime sa place, lui donne un rôle de père symbolique. » Si l’attribution est liée au bon vouloir de la mère, elle n’est pas seule en cause. L’immersion dans un autre univers relationnel suppose une implication réelle et un investissement personnel de l’adulte, guidé par l’attention portée aux besoins des uns et des autres. Il y va d’une forme de prise de responsabilité. « Les enfants doivent être apprivoisés. Il faut de la patience, ne pas s’imposer avec ses règles. C’est une question de finesse, de subtilité, de rentrer à pas discrets dans la vie familiale. Il faut aussi prendre le temps de penser les choses, pour marier deux cultures familiales et respecter l’enfant dans son lien parental. » Or le couple plongé dans une lune de miel a rarement l’envie de s’interroger sur les fondamentaux de la nouvelle composition familiale. « Il est nécessaire de penser un cadre d’autorité qui structure la nouvelle famille. Dans ce cadre, les deux adultes ont une place. Il n’y a pas à avoir de régimes différents au sein d’une même famille, mais plutôt des moments seuls avec ses propres enfants. » Au terme de deux années de réflexion et d’écriture, Diane Drory admet avoir été surprise par « le temps nécessaire pour déconstruire le premier projet de couple », sans oublier que « le rythme de l’un et de l’autre n’est pas le même » face à une rupture et à ses implications. Comme elle l’écrit dans son livre, « Ne nous leurrons pas, tout cela n’est pas simple. Accepter l’enfant de l’autre ne va pas de soi, pas plus que de se faire accepter par lui ! Nouer une relation demande de tisser un lien, de le nourrir, de l’entretenir. De plus, au-delà de la bonne volonté, il faut qu’opère la secrète alchimie de l’amour et du temps. »
Angélique TASIAUX
Diane Drory, « Le nouveau parâtre. Quand il aime l’enfant de l’autre ». Genèse Edition, mars 2020, 200 pages.