Sœur Emmanuelle, l’Abbé Pierre, Mère Teresa… Autant de grandes figures disparues, toutes dévouées aux plus pauvres. Et désormais rejointes par le père Arthur Hervet, alias père Arthur. Le prêtre français assomptionniste, connu pour sa défense des Roms, est décédé lundi à l’âge de 82 ans.
Révolte, dévouement. Les souvenirs que ceux qui ont croisé sa route retiennent du père Arthur, rappelé à Dieu ce lundi 23 novembre. Avec comme point d’orgue son combat mené en faveur des Roms présents dans la métropole lilloise où il officiait depuis 2006. D’où son surnom de « Prêtre des Roms » gagné au fil de ses multiples visites dans les campements et de ses prises de parole en faveur de plus d’humanité pour la communauté des gens du voyage.
Mais le religieux ne se limitait pas au malheur des Roms. Migrants, toxicomanes, prostitués, sans-papiers, prisonniers, sdf, familles expulsées… autant d’autres combats à mener pour le serviteur de Dieu. Qui avait été aussi aumônier de prison ou prêtre pour bateliers.
Régulièrement comparé à l’Abbé Pierre quant à son action d’aide et d’amour, père Arthur refusait la comparaison avec celui en qui il voyait son « maître en Humanité. »
« Enfant terrible » de l’Eglise
Un combat qu’il avait aussi livré face aux politiques. Sur le plan local, dans sa région lilloise, comme sur le plan national. Sa sortie médiatique de 2010, adressée au président Sarkozy, est restée dans les mémoires. Après avoir renvoyé sa médaille du Mérite, il avait souhaité au président « une crise cardiaque ». Des propos exagérés, certes, mais fidèles à son caractère entier. Celui de sa Bretagne natale. Un homme d’Eglise révolté et investi pleinement dans sa mission de protection des opprimés et des exclus. Au point de devenir une sorte d’enfant terrible de l’Eglise.
Une vie d’amour et de révolte racontée dans son livre paru en 2011, Ma vérité sur l’exclusion : les aveux du curé des Roms (éd. Bayard).
Un joli parcours pour celui qui avait affirmé un jour : « Je n’étais pas du tout programmé pour devenir prêtre ».
Ph.D.
Photo: Peter Potrowl – CC-BY-SA-3.0