A la suite d’un traitement médicamenteux virulent, la disparition de la chevelure peut s’avérer douloureuse pour certaines femmes atteintes d’un cancer… Consciente des enjeux psychologiques, Think Pink encourage donneurs et donneuses à sacrifier leur longue chevelure.
Le concept est simple. Pour faire des perruques, il faut des cheveux sains. Leur longueur s’avère un gage de qualité aussi. Depuis un an, Think Pink, l’asbl engagée dans la lutte contre le cancer du sein, exige une longueur minimum de 30 centimètres pour les dons. Les perruques à cheveux longs sont, en effet, davantage demandées par les patientes. Des coiffeurs se sont associés à l’opération de collecte, en acceptant de couper les cheveux des donatrices, moyennant, pour certains, une participation financière pour des soins ou un brushing. Toutefois, il n’est pas obligatoire de se rendre dans un salon de coiffure, les talents d’une mère, voisine, sœur ou copine peuvent faire l’affaire ! Pour procéder, le matériel requis est simplissime : deux élastiques, un sac en plastique, une enveloppe Coupe d’Eclat (non timbrée) et une latte pour s’assurer de la longueur requise entre les deux élastiques. Par ailleurs, des Journées officielles de coupe sont régulièrement organisées en Belgique.
Une action solidaire
Les cheveux distinguent une personnalité. Longs ou courts, ils trahissent souvent un tempérament ou un caractère. Agée de 16 ans, Camille a déjà participé deux fois à l’opération Coupe d’Eclat, sur les conseils de sa sœur aînée. « J’aime les cheveux longs. Cela ne m’a pas dérangé de les laisser pousser, même si, à la fin, ils s’emmêlaient ! » Elle l’admet volontiers, couper 30 cm n’est pas anodin, c’est même « un choc »! Mais la motivation d’aider l’emporte et Camille se réjouit d’avoir fait « un heureux dans la vie. Savoir que quelqu’un va en profiter donne envie de les couper ». Contrairement à une action ponctuelle, il s’agit d’une démarche qui s’inscrit dans la durée. « La collecte pour de l’argent représente un jour de vente, tandis que les 30 centimètres de cheveux prennent plus de temps. Il faut environ deux ans, mais l’engagement n’est pas aussi intensif. A la fin, il faut juste dix minutes pour les couper tous en une fois. » Les motivations sont claires dans l’esprit de l’adolescente impliquée. « C’est le fait de rendre heureux qui m’importe. Une personne ne peut pas se passer de cheveux facilement. Elle doit supporter les préjugés et les questions des gens. » Même si elle le comprend, Camille regrette toutefois l’anonymat de la démarche. « Ce serait sympa de savoir qui a reçu la perruque et de voir le résultat ! »
Chez EnergiK Coiffure à Hannut, c’est une vingtaine de coupes qui est ainsi réalisée chaque année. Le profil type est celui de jeunes filles, âgées de 15 à 18 ans. « Soit celles-ci ont des cheveux très longs et besoin d’une coupe, soit elles se sont décidées pour le geste en faveur de Think Pink. Il est déjà arrivé deux ou trois fois d’avoir un homme. Mais, c’est très rare ! », se souvient Antoine Hagnoul, le gérant de l’établissement. De grands ados, tentés un moment par le port d’un catogan, décident parfois de le couper et de se défaire du fruit de ces mois de patience pour le transformer en perruque. Comme quoi, rien ne se perd !
Angélique TASIAUX