
Chaque année, des millions de pèlerins visitent le site de la première apparition mariale reconnue. La Vierge Marie serait apparue à un Aztèque le 12 décembre 1531 à Tepeyac, au Mexique. C’est le site catholique le plus visité après le Vatican. (c) Julie David de Lossy – Colin Delfosse
Du 11 septembre au 18 octobre 2020, le centre culturel Jacques Franck de Saint Gilles expose le travail de deux jeunes photographes, Julie David de Lossy et Colin Delfosse. Le duo s’est intéressé aux sanctuaires mariaux et à la dévotion qui les entoure. Une invitation au voyage en « Mariophanie ».
Tout commence il y a quelques années à Kibeho, au Rwanda. Julie, en mission à Nairobi, et Colin, dans l’Est du Congo, apprennent l’existence d’un sanctuaire marial très fréquenté par les populations locales. Ils décident de s’y rendre le week-end du 15 août, pour observer la dévotion qui s’y vit. « C’était fou de voir tous ces Congolais et ces Rwandais mélangés, ayant parfois marché beaucoup pour arriver jusqu’au site des apparitions de la Vierge » raconte Julie.
Vertige
Le temps passe. Puis, Julie et Colin décident de reprendre ce thème des apparitions mariales et de partir en prospection sur d’autres sites mariaux, reconnus ou pas par l’Eglise. L’exposition reprend 11 des lieux visités par le duo de photographes. Julie a surtout été impressionnée par sa visite du site mexicain de Guadalupe (apparitions au 16e siècle, reconnues en 1754) où des millions de personnes se rassemblent pendant plusieurs jours pour vénérer la Vierge. « C’est frappant de voir une telle dévotion, d’une telle vigueur, autour de la Vierge. Et aussi le syncrétisme que l’Eglise a opéré là-bas, avec ce mélange de costumes et danses traditionnels avec la figure de Marie. » Julie se souvient aussi de l’impression de vertige ressentie en entrant dans l’ancienne cathédrale de Guadalupe, aussi à la vue des pénitents, à genoux, en route vers le sanctuaire.
Voir tous ces pèlerins, si proches de la Vierge, a brisé en quelque sorte les idées préconçues de la jeune photographe. « Les personnes qui fréquentent ces endroits ne sont pas toujours proches de l’Eglise mais très attachées à Marie. Je pensais que la majorité d’entre elles étaient des malades qui cherchaient à guérir, or il y a tellement de raisons différentes de se rendre sur un site marial, car chacun a sa particularité. » Les pèlerins rencontrés ont confié à Julie aimer la Vierge parce qu’elle est à l’écoute, elle soulage, ne juge pas.
Plus grand que la religion

Des religieuses prient dans les Alpes lors des célébrations mariales de 2019. La Vierge Marie serait apparue à deux jeunes bergers le 19 septembre 1846 à La Salette, en France. (c) Julie David de Lossy – Colin Delfosse
Julie et Colin ont ainsi visité des lieux très fréquentés par les pèlerins – et aussi les touristes – mais également des sites plus confidentiels et pourtant reconnus officiellement. C’est notamment le cas de Giertzwald en Pologne (apparitions reconnues en 1977) ou de La Sallette dans les Alpes françaises (reconnues en 1851). Julie a été frappée par la quiétude et surtout la beauté de ces deux lieux. « Je comprends que ces sites attirent aussi des non-croyants. C’est plus grand que la religion. » En France, dans les montagnes, Julie se souvient. » Tôt le matin, quand les nuages embrassent les cimes, le paysage est à couper le souffle. On entend des chants qui résonnent dans les montagnes. » Elle garde aussi un excellent souvenir de sa discussion avec le prêtre attaché au sanctuaire, « disponible », heureux d’échanger avec la photographe.
Parmi les sanctuaires mariaux reconnus, Julie s’est également rendue dans le Wisconsin, à Champion (apparitions reconnues en 2010). Un nom qui fait bien référence au village du même nom en Belgique puisqu’une communauté de Belges s’y est installée au 19e siècle. La voyante à l’origine des récits d’apparition de Champion était une femme prénommée Adèle, originaire du Brabant Wallon. Ainsi, les gens du cru affirment que la Vierge parlait wallon !
En quête de merveilleux
L’exposition de Julie et Colin donne à voir la pluralités de ces lieux, des pèlerins qui les fréquentent et de leurs démarches. « Mariophonie », c’est aussi porter un regard, respectueux, sur cette recherche de merveilleux partagée par tant de gens, au-delà des frontières et des cultures. Une série de photographies pour capturer cette quête qui fait appel à notre part d’enfant, et certains furent d’ailleurs les protagonistes de ces apparitions. Des lieux devenus aujourd’hui des centres de dévotion mais aussi de fraternité et de profonde communion.
Sophie DELHALLE

Quatre jeunes séminaristes portent la statue de la Vierge pour les célébrations. Champion, Wisconsin, Etats-Unis (c) Julie David de Lossy – Colin Delfosse
Sanctuaires repris dans l’exposition : Mexico City (Mexique), Siluva (Lituanie), La Salette (France), Lourdes (France), Champion (Wisconsin, USA), Pontmain (France), Gietrzwald (Pologne), Knock (Irlande), Fátima (Portugal), Kibeho (Rwanda), Medjugorje (Bosnie Herzégovine)
Une exposition à découvrir au centre culturel Jacques Franck de Saint Gilles (Chaussée de Waterloo, 94) du 11 septembre au 18 octobre. Vernissage : vendredi 11 septembre de 18 à 21 heures. Entrée gratuite.
Contact:
Téléphone :02 538 90 20
Fax : 02 538 16 48