Plus de 110 évêques du monde entier ont signé le 6 juillet une déclaration commune : « Aujourd’hui plus que jamais, un devoir de diligence s’impose dans la chaîne d’approvisionnement afin de mettre un terme aux abus commis par les entreprises. »
Relayée chez nous par la COMECE, la Commission des Épiscopats de l’Union européenne, et cosignée par son président le Cardinal Jean-Claude Hollerich, l’interpellation des évêques porte sur le mode de gouvernance économique. « Au travers de leurs activités, des entreprises irresponsables se rendent complices d’actes de violence et de souffrances. » L’analyse des dignitaires de l’Église catholique s’appuie sur les leçons de la pandémie actuelle qui montre « notre interdépendance« . La fermeture des frontières pendant les périodes de confinement a provoqué la désorganisation des « chaînes d’approvisionnement mondiales qui relient les usines entre elles« . Les évêques attirent l’attention sur les situations humaines qui en découlent : « nous dépendons de travailleurs vulnérables qui effectuent un travail essentiel aux quatre coins de la planète. »
Cette forte interdépendance d’un continent à l’autre exige, selon les signataires de cette déclaration, « que nous fassions tous preuve de responsabilité les uns envers les autres. » Ils invitent notamment à être vigilants envers les choix stratégiques des entreprises multinationales. Certaines commettent des abus « en éludant les taxes qui pourraient servir à construire et à maintenir des services publics tels que des hôpitaux ou des écoles, en polluant nos sols, notre eau et notre air, ou en se rendant complices d’atteintes flagrantes aux droits humains« .
Plusieurs gouvernements occidentaux prennent des mesures après la crise du Covid-19 pour mettre en place des chaînes d’approvisionnement plus résistantes. «En tant qu’évêques », ajoutent les signataires de cette déclaration parmi lesquels Mgr Delville, évêque de Liège, « nous estimons qu’il est de notre devoir moral et spirituel de réclamer d’urgence un réagencement des priorités, pendant et après la crise. » Sur base d’une loi pionnière adoptée en France en 2017, les évêques soulignent qu’il semble « possible de tenir les entreprises multinationales pour responsables de leurs activités« .
AF de Beaudrap
Déclaration intégrale à lire sur le site de la COMECE