Il y a quelques jours, l’évêque de Liège, Mgr Delville présentait la composition de sa nouvelle équipe. De nombreux changements interviennent au sein de la curie diocésaine et notamment la création d’un nouveau vicariat dédié au bien-être des acteurs pastoraux.
Travailleuse sociale à la retraite, mariée, maman et grand-maman, c’est avec confiance et dotée d’une solide expérience que Dominique Olivier s’apprête à prendre la tête de ce tout nouveau vicariat. « L’âge permet de vivre et d’accueillir les choses avec plus de sérénité, assure-t-elle. Je n’ai plus rien à prouver aux autres, ni à moi-même. » Dominique Olivier connaît aussi très bien le milieu ecclésial. Et, comme laïque dominicaine, dispose également d’un ancrage spirituel indispensable pour aborder ce nouveau chapitre de sa vie.
La décision de créer ce vicariat dédié à l’ »Accompagnement des acteurs pastoraux » manifeste selon Dominique Olivier une attention accrue portée à la personne. Un vicariat que la future responsable rebaptiserait volontiers « vicariat de la sollicitude » tant ce mot est inscrit en fil rouge dans tout ce que la nouvelle équipe devra entreprendre. Toutefois, il ne s’agit pas de tout réinventer, prévient Dominique Olivier, mais de s’appuyer sur les initiatives qui existent déjà.
Une culture de l’accompagnement
Le vicariat apportera donc une aide supplétive là où il y a des manques et œuvrera surtout au développement d’une véritable culture de la bienveillance et du ‘care’. Un premier défi sera de proposer une offre de services qui permette de répondre aux différentes demandes qui seront adressées au vicariat. Deux cas de figure sont dès lors possibles; soit la demande émane des acteurs pastoraux eux-mêmes lorsqu’ils rencontrent l’une ou l’autre difficulté, soit la demande émane directement de l’autorité diocésaine – l’évêque ou le vicaire général – qui « impose » le recours aux services du vicariat pour, par exemple, débloquer une situation conflictuelle dont elle aurait eu vent. L’équipe vicariale travaillera au développement d’une culture de l’accompagnement, pas assez développée selon Dominique Olivier, pour tous les acteurs. Ceci impliquera de mettre en place des procédures standards qui tiennent néanmoins compte de la spécificité de chaque situation et des besoins spécifiques de chacun. Tout ceci, afin de favoriser et de vivre la sollicitude.
Décloisonner
La future responsable sera également attentive à faire grandir une culture de la vigilance. « L’Eglise est dans le monde, elle est donc influencée par les changements sociétaux. » Et si l’Eglise a développé une nécessaire culture du management, elle ne doit pas oublier que son approche est avant tout évangélique et doit être deux fois plus vigilante. Pour Dominique Olivier, l’idée même de ce vicariat est intéressante, « il doit exister, comme signal, et pour donner la possibilité de dire ‘il y a un problème’ et de chercher ensemble des solutions ».
La création de ce vicariat manifeste aussi une certaine volonté de décloisonnement. « Notre approche sera transversale. Nous ne regarderons plus en priorité quelle ministère ou catégorie occupe la personne, notre mission sera d’accueillir les acteurs pastoraux, de les aider dans leur prise de fonctions et de les accompagner dans leur cheminement personnel. Notre équipe prendra donc soin de l’ensemble des acteurs pastoraux, une fois encore sans gommer leurs spécificités. » Dominique Olivier prendra donc les rênes d’un « vicariat de la nuance », parce qu’il s’occupera avant tout de l’humain.
Gestion des conflits
Dans la prise en charge des futurs dossiers, deux étapes seront très importantes. Tout d’abord, l’écoute qui, à elle seule, permettra de dénouer certaines situations. « Parfois, cela suffit à redonner confiance. » Une autre étape importante sera la gestion des conflits et la médiation. « L’Eglise n’est pas différente du monde. C’est partout pareil. Le travail en équipe peut générer des tensions. » Dans ce contexte, « les outils de sciences humaines peuvent être appliqués, en les adaptant à la réalité vécue en Eglise, explique Dominique Olivier. Rien n’est incompatible mais il faut travailler le lien avec l’évangile. La technique ne fait pas tout, il faut aussi y mettre du cœur. » Et l’Eglise doit être encore plus exigeante sur la qualité de ce que nous voulons vivre et faire, ajoute-elle encore. Depuis vingt ans, Dominique observe que les conflits en Eglise sont dévastateurs parce qu’ils touchent à la racine profonde de la foi, qui est la relation la plus intime qui soit, celle que l’on entretient avec Dieu. Les blessures d’Eglise sont très profondes, l’Eglise devrait pourtant être le lieu où l’on vit le plus le pardon et c’est pourtant là où, souvent, il est le plus difficile à vivre. Parce que, justement, le conflit en Eglise peut atteindre notre identité spirituelle.
Une équipe d’experts
Pour mener à bien ces différentes missions, Dominique Olivier pourra compter sur l’abbé Vital Nlandu Balenda, nommé adjoint, qui porte depuis longtemps le souci de la santé et de la vieillesse des prêtres. Une assistante sociale a également été engagée. Dominique Olivier souhaite compter sur la collaboration de nombreux experts extérieurs, un réservoir de personnes-ressources, qui accepteront de prendre en charge l’un ou l’autre cas selon les besoins. « Le décloisonnement, c’est aussi faire en sorte que chacun fasse sa part du travail selon ses compétences. »
Sophie DELHALLE
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