Retour à l’école : choix ou droit ?


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Retour à l’école : choix ou droit ?
Retour à l'école, oui ou non?
Par Nancy Goethals
Publié le - Modifié le
4 min

Retour à l'école, oui ou non?

Un constat relevé par 400 pédiatres il y a quelques jours: la possibilité de retour à l'école est une évolution importante pour la santé mentale et la socialisation des enfants. Bonne nouvelle, les écoles maternelles et primaires peuvent rouvrir complètement mais le feront-elles toutes? Par ailleurs, toutes les familles n'auront même pas le choix.

Certains parents avaient hâte; d’autres ont peur et veulent à tout prix éviter d’y remettre leurs enfants. Le dispositif décidé ce mercredi soir rencontre les besoins des premiers tout en ne sanctionnant pas les parents qui garderaient leurs enfants à la maison. La Ligue des familles se réjouit de cette latitude laissée aux parents mais s’interroge quant à la liberté laissée aux établissements d’ouvrir ou pas.

Suite à la réouverture des crèches il y a un mois, de nombreux parents s’étaient interrogés quant à la différence de traitement entre crèches et écoles maternelles. Désormais, crèches et écoles maternelles et primaires seront logées à la même enseigne, l’évolution des connaissances épidémiologiques et sanitaires montrant, d’après le Groupement d'experts en charge de la sortie du confinement (GEES), que les enfants de 0 à 12 sont beaucoup moins à risque.

Situation confuse

La Ligue des familles rappelle toutefois qu'il ne s'agit que d'une autorisation d'ouverture: sur le terrain les pouvoirs organisateurs pourraient décider de modalités d'ouverture très différentes. "On comprend bien la difficulté des établissements et des enseignants à se réorganiser en quelques jours, mais pour la Ligue des familles, cela pose problème que tous les enfants n’aient pas le même accès à l’école et que les parents ne sachent pas ce qu’il en sera dans l’école de leurs enfants ce mardi", regrette Christophe Cocu, Directeur général de la Ligue des familles.

Il était important que ce retour à l'école se fasse sur base volontaire pour les familles. "La circulaire qui vient de sortir prévoit qu’il n’y aura pas de sanction pour les enfants qui ne retourneraient pas à l’école. C’est une bonne chose", relève Christophe Cocu.

Pour la Ligue des familles, la réouverture des écoles doit aller de pair avec la réouverture de l'accueil extrascolaire. A un mois des grandes vacances, la priorité est aussi de travailler sur les stages, notamment les stages sportifs, de cet été. Les parents ont besoin de savoir au plus vite comment cela va s’organiser.

Pas le droit de choisir!

Si, à juste titre, la Ligue des Familles et les spécialistes soulignent l'importance des contacts sociaux pour la santé mentale, certaines familles sont complètement oubliées et voient effectivement la santé de leurs enfants se dégrader à cause du confinement. Elles comptent un enfant malade ou en situation de handicap et sont sans nouvelle de l’internat ou sans solution de retour à l’école, les mesures d’hygiène ou de distanciation sociale ne pouvant être comprises et appliquées par leurs enfants.

Dès lors, la plateforme Répit Solidaire a décidé d'interpeller les politiques en leur nom (tout comme le GAMP - voir article Une campagne pour dénoncer l'isolement): "ces familles n’ont d’autre perspective que de vivre sur les maigres réserves d’énergie qu’il leur reste pour continuer à avancer jour après jour, sans voir le bout du tunnel. Elles vivent une fois de plus de grands moments de solitude". L'équipe pluridisciplinaire qui a mis en place la plateforme Répit Solidaire s'avoue très inquiète pour ces parents et ces enfants. "Nos dirigeants politiques ont-ils pensé à ces familles? Il nous semble urgent d’envisager pour elles des solutions concrètes de soutien et de réfléchir à ouvrir à nouveau les lieux d’accueil, les écoles spécialisées et les internats. Notre société a besoin de sécurité face au risque de contagion du Covid-19, mais c’est loin d’être son seul besoin. Il est grand temps d’apporter des réponses à ces familles coincées depuis plus de deux mois dans des situations éprouvantes." Une maman témoigne: "Pas de reprise pour notre fils avant septembre... il va falloir tenir et occuper ses journées sans compter le coût des stimulations que nous reprenons pour combler le manque d’activités ... Coûts non remboursés: dépenses de plus ou moins 400€ par mois pour la psychomotricité relationnelle et la logopédie".

Le droit à l'école... de la débrouille

Une autre maman découragée explique: "Nous avons trouvé une nouvelle école pour notre enfant: l’école de la débrouille … Car nous sommes bien seuls! Tout s’est arrêté du jour au lendemain, sans aucune proposition d’aide pour les accompagnements (logo, kiné, ergo…). Donc les familles doivent gérer au mieux, pas toujours le mieux ... et mettre la main au porte-monnaie, sans remboursements … "

Ainsi, certains parents ont le choix de mettre leur enfant à l'école et d'autres voudraient en avoir le droit. La crise du coronavirus et ce confinement auront mis en lumière de nombreuses inégalités. Le déconfinement ne semble, hélas, pas les atténuer.

Nancy GOETHALS


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