Les 21 supérieurs majeurs des Jésuites d’Europe et du Proche-Orient, le plus grand ordre religieux de l'Eglise catholique, ont envoyé aujourd'hui un message aux institutions de l'UE leur demandant de promouvoir une "véritable solidarité éthique et sociale" à la suite de la crise du coronavirus sur le continent.
Lancé à l'occasion du 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et 70 ans après la déclaration Schumann, cet appel demande à l'Union Européenne de s’engager avec détermination afin de surmonter "la menace existentielle que représente le manque actuel de désir pour la solidarité internationale".
La déclaration des Jésuites souligne que la pandémie de coronavirus a renforcé la prise de conscience de tous les peuples d'Europe qu'ils sont profondément interconnectés. Paradoxalement, c'est à un moment où les églises se sont vidées que les chrétiens ont redécouvert toute la valeur du message chrétien de la solidarité. Cette prise de conscience devrait servir de moteur de changement dans un engagement de plus en plus grand à servir le bien commun.
Cultiver une solidarité européenne
Les Jésuites appellent à repenser le modèle actuel de mondialisation. "Nous ne pouvons pas vivre sainement sur une planète malade", soulignent-ils, faisant allusion à l'enseignement du pape François sur "l'écologie intégrale". Ils regrettent également la réticence initiale de l'Union à venir en aide aux pays du Sud qui luttent contre le virus. "Heureusement, l'Union a retrouvé le chemin de la solidarité concrète - pour l'instant." A moyen terme, le défi consistera à faire face aux retombées économiques et sociales de la pandémie. Inévitablement, cela entraînera une certaine redistribution des richesses des pays riches vers les pays pauvres. Ils poursuivent en soulignant le sort des réfugiés et des demandeurs d'asile dans toute l'Europe. L'appel à la solidarité "doit aussi s'étendre d'urgence à eux", en particulier à ceux qui sont confinés dans des camps à travers l'UE.
Les Jésuites citent le pape François, qui déclare que "l'Union européenne est actuellement confrontée à un défi historique, dont dépendra non seulement son avenir, mais aussi celui du monde entier". Ils soulignent que le principal défi consiste à cultiver une solidarité européenne qui préfigure la solidarité mondiale. C'est pourquoi, insistent-ils, les pays du Sud ont besoin de la solidarité européenne. Ils appellent à "l'annulation de la dette des pays les plus pauvres, davantage d'aide humanitaire et de coopération au développement, avec des dépenses militaires réorientées vers les services de santé et les services sociaux".
Le message se termine sur l'espoir que la crise puisse être une "opportunité spirituelle de conversion", une occasion à saisir pour apporter un changement radical pour la construction d’un monde meilleur.