Les "héros" que nous applaudissons à nos portes, fenêtres ou balcons se battent tous les jours, même hors confinement, pour soigner tout un chacun. CathoBel et Dimanche vous invitent à partager leurs ressentis. Aujourd’hui, sur Cathobel, le service restauration qui aide le personnel soignant du CHU Ambroise Paré à tenir le coup.
"Ça fait du bien d'entendre ma femme et ma fille applaudir le soir à 20h", reconnaît Eric Dekoker, "tout comme ça nous a fait plaisir de voir une grande banderole de soutien devant l'entrée de l'hôpital!" En tant que responsable du service restauration, notre témoin de première ligne encadre une petite armée de 30 personnes équivalents temps plein pour chaque établissement hospitalier du groupe à Mons. "Nous sommes l'un des services les moins impactés au niveau de nos effectifs, nous ne comptons aucun absent dans les cuisines d'Ambroise Paré par exemple." Il faut reconnaître que les cuisines étaient déjà habituées à un grand respect des règles d'hygiène, de désinfection et de nettoyage des mains.
Le premier changement a concerné l'impact psychologique de la crise du confinement sur le moral des équipes. Eric Dekoker se souvient avoir dû rassurer chacun des membres du personnel qui devait conduire un chariot de plateaux-repas vers les services Covid-19. "Il a fallu une bonne semaine pour prendre l'habitude de bien s'équiper des masques et des gants quand on se déplace", insiste le responsable du service, en ajoutant avoir dû "rassurer les collègues que le lavage des mains et la désinfection des plateaux en plus de ces précautions vestimentaires suffisaient à faire barrière au virus."
Les services cuisine sont aussi un baromètre de la fréquentation d'un hôpital. Le CHU Ambroise Paré ne fait pas exception. Au début du confinement, vers le 15 mars, "les différents services se sont vidés", raconte Eric Dekoster. Il restait une petite centaine de patients au lieu de 450 que chaque établissement peut accueillir. Puis les services réservés aux patients contaminés se sont ouverts et remplis progressivement. En cette fin avril, les hôpitaux ne comptent que la moitié des patients possibles, avec des services peu remplis (la pédiatrie par exemple) mais le service de réanimation dédoublé.
Très vite, la générosité de la région s'est manifestée. "Nous recevons beaucoup de dons des restaurateurs et traiteurs ainsi que de grosses firmes", explique Eric Dekoker. Ces entreprises prennent contact avec le service restauration, donc avec lui, pour indiquer combien de repas et pour quel jour ils peuvent livrer. "L'arrivée de la nourriture se fait à l'extérieur de l'hôpital pour des raisons sanitaires évidentes", précise le responsable. Grâce à cet afflux régulier, les patients et le personnel savourent de la nourriture indienne chaque week-end… On annonce aussi de la panna cota pour ce week-end du 1er mai. Ce geste est très apprécié du personnel soignant. C'est aussi une aubaine pour les fournisseurs qui n'ont quasiment plus d'autres clients depuis la fermeture des restaurants mi-mars.
Prendre soin du personnel soignant
Avec le confinement, la restriction des visites au sein des hôpitaux a entraîné une réorganisation des tâches demandées au service restauration de l’hôpital. Leur responsable raconte: "Nous avons mis en place un système de room service pour fournir au patient des petites choses utiles qu'il ne reçoit plus lors des visites (bouteilles d'eau, biscuits, dentifrice, etc.)." Pour les malades qui perdent un peu le goût de la nourriture, les sodas ou les fruits au sirop peuvent se révéler précieux. Par ailleurs, la cafétéria qui fournissait habituellement les repas et sandwiches du personnel soignant est fermée depuis le début du confinement. Là encore, le service restauration essaie d'y pallier en préparant ce qu'il faut pour tenir jour et nuit auprès des patients. "Nous sommes un appui auprès du personnel en première ligne, le lien entre les services de l'hôpital s'est renforcé depuis l'entrée dans la pandémie", remarque Eric Dekoker.
En conclusion, le service restauration comme tout le personnel hospitalier se prépare à une éventuelle deuxième vague de patients Covid-19. Mais ce n'est pas ce qui inquiète le plus Eric Dekoker: "Je suis davantage stressé quand je vois le comportement de la population dans la rue!" Rappelons donc qu'une distance d'1,5 mètre doit être respectée entre les individus, le port du masque est recommandé ainsi que le fait de rester à la maison autant que possible.
Anne-Françoise de Beaudrap