Opinion : crise du Coronavirus – une catastrophe irrésistible ou une interruption nécessaire ?


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Opinion : crise du Coronavirus – une catastrophe irrésistible ou une interruption nécessaire ?
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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Qui sont les plus vulnérables dans la crise actuelle? C'est la question que pose Pirmin Spiegel, le Secrétaire général de l'organisation Misereor, pendant allemand d'Entraide et Fraternité. Une opinion traduite et résumée par Aloys Jousten, évêque émérite de Liège.

La crise du Corona-virus - une catastrophe irrésistible ou une interruption nécessaire?

Notre vivre ensemble habituel est fort perturbé par les mesures de distanciation sociale en vue d’une protection plus efficace contre le virus. Nous sommes contraints à une interruption radicale de nos habitudes de contact, de conversation et même de salutation. Sans parler des retombées économiques plus que probables à un moment où notre système économique était déjà dans une situation fragile. Cette interruption nous invite aussi à réfléchir, à nous arrêter et à nous interroger sur notre style de vie. Il faudra, sans aucun doute, lancer des processus de conversion.

Le théologien allemand Johannes Baptist Metz a proposé, dans une de ses publications, une définition très concise de la religion: interruption. Il voit, dans la religion, non seulement une réponse à la question de mon salut, mais également un appel à la responsabilité politique (des chrétiens). Il s’agit d’interrompre le système socio-économique pour entendre les récits de souffrance des hommes et de la création et y déceler le cri de Dieu. D’où la question: Qui sont les plus vulnérables dans la crise actuelle? Et que deviennent les réfugiés aux frontières de l’Union Européenne? Leur détresse est-elle entendue et prise en considération? Ne perdons pas de vue nos partenaires sur d’autres continents où le virus fera ou ferait encore beaucoup plus de victimes que chez nous. Il faut absolument éviter que toutes ces victimes potentielles ne finissent par être considérées comme des ennemis ou encore comme une menace pour nous. Il faudra inventer partout - entre nous et avec ceux qu’on vient d’évoquer - de nouvelles formes de proximité sociale et de fraternité solidaire. Réjouissons-nous des initiatives innovatrices déjà mises en route. Oui, l’Esprit Saint souffle déjà!

Une fois la crise terminée, l’avenir sera entre les mains de nous tous, des décideurs et de chaque citoyen. Espérons que tous auront alors le courage de choisir une nouvelle vision et de prendre des décisions à effet durable. Osons revisiter avec courage nos relations au sein de la maison commune, celles entre nous, celles entre pays et continents, celles avec la création.

Le Carême veut être un tel temps d’interruption. La crise du Corona-virus nous fera sans doute prendre conscience de nouvelles pistes de conversion. Pâques est la fête de la victoire de la vie sur la mort. Dieu a eu le dernier mot et il l’aura encore, mais il nous confie l’avant-dernier mot, si on peut dire. Quelle confiance de sa part et quelle belle et grande responsabilité pour nous!


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