
Martin Kopp, apôtre de la décroissance matérielle et de la croissance spirituelle
Dimanche a rencontré Martin Kopp (lire dans le numéro 10 A question climatique, réponse spirituelle!). Ce protestant alsacien, passionné de nature, se présente comme un bâtisseur de ponts et allie deux métiers: théologien et acteur sur le terrain(1). Car, pour lui, « le penser » et « le faire » sont indissociables.
Au départ, passionné par les requins, Martin Kopp aurait voulu se spécialiser dans l’éthologie – l’étude du comportement des espèces animales – mais, au moment de s’inscrire, cette formation n’existait pas. A la grande surprise de tous – et, de son propre aveu, de lui-même aussi – il choisit la faculté de théologie. Aujourd’hui, le chemin parcouru lui permet d’affirmer qu’il ne regrette pas du tout son choix. Et l’écologie est au cœur de son action et de sa spiritualité.
Ainsi donc, il est devenu théologien écologique car, dit-il, « l’enjeu climatique, un enjeu spirituel. En tant que Chrétien, notre foi s’ancre en Dieu, le créateur, mais on a oublié cela ! » Il rappelle par ailleurs que, actuellement, les plus pauvres sont déjà confrontés à la mort à cause de la pollution et du réchauffement climatique. Sans perdre courage face au(x) immense(s) défi(x) climatique(s), il insiste:« il n’y a pas de fatalité, mais nous avons une responsabilité à agir – pas seulement pour la nature mais aussi pour une justice climatique. »
Ce penseur-acteur, toujours positif et constructif, était de passage en Belgique pour rencontrer des jeunes qui participent à un projet appelé « Jaijagat écoles »(3). Avant de vous laisser découvrir l’intégralité de son entrevue, voici un petit condensé de sa pensée.
Croître humainement, spirituellement et joyeusement!
« Passer moins de temps à accumuler des choses matérielles ouvre du temps pour d’autres croissances », relève Martin Kopp. Il insiste pour que nous nous engagions tant au niveau public – en étant candidat ou en nous adressant à nos décideurs politiques – que privé. Aussi propose-t-il de commencer tout de suite, dans notre quotidien. « A ceux qui veulent initier une démarche en communauté, je les invite à consulter le label Eglise Verte(2). Dans votre vie personnelle, vous pouvez faire quelque chose dès le prochain repas: réduire votre consommation de viande, et surtout de bœuf . La viande émet plus de gaz à effet de serre que tous les transports du monde réunis. Et, si on ne vote qu’une fois par an, on mange trois fois par jour; donc on a du pouvoir dans son assiette. Reconnectez-vous à la nature (c’est de la spiritualité) car nous sommes dans une société déconnectée: quand on voit la nature, on veut la préserver! Soyez moins actif, pratiquez le repos. Et lorsque vous planifiez vos prochaines vacances, réfléchissez à faire des vacances bas carbone. Il y a beaucoup de choses à découvrir et à vivre d’enrichissant tout près de chez soi, sans avoir besoin de prendre l’avion et d’envoyer en moyenne 1,6 tonnes de carbone pour des vacances-plaisir. »
En résumé: Martin Kopp promeut de vivre (beaucoup) plus sobrement et de ne pas se soumettre au diktat de la croissance . Ceci n’empêche pas – loin de là! – d’être heureux, car la décroissance matérielle fait croître humainement et spirituellement. Laissons la parole à cet apôtre de la décroissance.
Nancy GOETHALS
(1) Martin Kopp est directeur de la campagne internationale « Living the Change » de l’organisation américaine Green Faith, une organisation qui met sur pied un mouvement climatique et environnemental mondial et interconfessionnel. A côté de son travail de théologien et de son action chez Green Faith, il est aussi membre du Conseil et président de la commission « écologie – justice climatique » de la Fédération protestante de France.
(2) Voir article sur Cathobel présentant le label œcuménique Eglise Verte, créé conjointement par les protestants, les catholiques et les orthodoxes.
(3) Ce projet fait partie du mouvement mondial Jaijagat, inter religieux et interconvictionnel, qui agit pour la justice et la paix. Il s’agit d’une grande marche d’un an, de New Delhi jusqu’à Genève, où se trouve le siège de l’ONU. Des centaines d’Indiens sont partis fin 2019 pour participer en octobre 2020 au forum des peuples et déposer leurs revendications auprès des organisations internationales. Actuellement, ils traversent les pays où ils rencontrent des associations et se font rejoindre par d’autres marcheurs. Le projet « Jaijagat école » vise à sensibiliser les jeunes à leur action. La rédaction de Cathobel en reparlera en temps opportun.