“Sans Jésus, nous ne pouvons rien faire”


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“Sans Jésus, nous ne pouvons rien faire”
Par Vatican News
Publié le - Modifié le
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En novembre 2019, Vatican News publiait en avant-première quelques extraits du livre-entretien entre le Pape François et Gianni Valente, de l’agence Fides, réalisé au terme du Mois missionnaire extraordinaire. Le Pape y réaffirme que «l'Église est annonce, ou elle n’est pas l’Église».Disponible en italien depuis le 5 novembre, l'édition française fera son entrée en librairie le 8 janvier 2020 (chez Bayard).

Au cours du mois missionnaire extraordinaire également marqué par le synode sur l'Amazonie, le Pape François a disséminé son magistère de références liées à la nature propre de la mission de l'Église dans le monde. Par exemple, le Souverain pontife a répété à l'infini qu'annoncer l'Evangile ne relève pas du «prosélytisme» et que l'Église grandit «par attraction» et par «témoignage»: une constellation d'expressions orientées qui suggèrent par touches le dynamisme propre de toute œuvre apostolique et quelle peut en être sa source.

C'est de tout cela et de bien d'autres choses encore que le Pape François parle dans le livre-entretien intitulé «Sans Lui nous ne pouvons rien faire. Être missionnaires aujourd'hui dans le monde» (publié chez Bayard). En voici quelques extraits.

Vous répétez toujours «Église en sortie». L'expression est beaucoup reprise et, parfois, elle semble devenir un slogan plutôt abusé, à disposition de ceux qui, toujours plus nombreux, passent leur temps à donner des leçons à l'Église sur la manière dont elle devrait ou ne devrait pas être.

“Église en sortie” n'est pas une expression à la mode que j'ai inventée. Elle est le commandement de Jésus qui, dans l'Evangile selon Saint Marc, demande aux siens d'aller dans le monde entier et de prêcher l'Evangile «à toute créature». L'Église, ou elle est en sortie ou ce n'est pas l'Église. Ou bien elle est en annonce ou bien elle n'est pas l'Église. Si l'Église ne sort pas elle se corrompt, elle se dénature. Elle devient une autre chose.

Vous aimez répéter aussi que l’Église grandit «par témoignage». Quelle suggestion cherchez-vous à adresser à travers cette insistance ?

Le fait que l’attraction se fait témoignage en nous. Le témoin atteste ce que l’œuvre du Christ et de Son Esprit ont accompli réellement dans sa vie. Après la Résurrection, c’est le Christ Lui-même qui se rend visible aux Apôtres. C’est Lui qui fait d’eux des témoins. Le témoignage, non plus, n’est pas une prestation qui nous appartient. On est témoin des œuvres du Seigneur.

Vous répétez souvent une autre chose, dans ce cas de façon négative : «L’Église ne grandit pas par prosélytisme et la mission de l’Eglise n’est pas prosélytisme.» Pourquoi tant d’insistance ? Est-ce pour protéger les bons rapports avec les autres églises et le dialogue avec les traditions religieuses ?

Le problème avec le prosélytisme n’est pas seulement le fait qu’il contredit le chemin œcuménique et le dialogue interreligieux. Il y a prosélytisme partout où existe l’idée de faire grandir l’Église en se passant de l’attraction du Christ et de l’œuvre de l’Esprit, en comptant exclusivement sur un quelconque "discours savant". Donc, en premier lieu, le prosélytisme exclut le Christ Lui-même de la mission, tout autant que l’Esprit Saint lorsqu’il prétend parler et agir au nom du Christ de manière nominaliste. Le prosélytisme est toujours violent par nature même lorsqu’il dissimule ou exerce cette violence avec des gants. Il ne supporte ni la liberté ni la gratuité avec laquelle la foi peut se transmettre par grâce, d’une personne à une autre. C’est pour cela que le prosélytisme n’est pas seulement relatif au passé, au temps de l’antique colonialisme ou des conversions forcées ou achetées par la promesse d’avantages matériels. Le prosélytisme peut exister aujourd’hui aussi, jusque dans les Paroisses, les communautés, les mouvements, les Congrégations religieuses.

Alors que veut dire annoncer l’Évangile ?

L’annonce de l’Évangile veut dire remettre en paroles sobres et précises le témoignage même du Christ, comme le firent les Apôtres. Il n’est pas nécessaire d’inventer des discours persuasifs. L’annonce de l’Évangile peut également être susurrée mais elle passe toujours par la force bouleversante du scandale de la croix et elle suit depuis toujours la voie indiquée dans la lettre de Saint Pierre Apôtre, qui consiste dans le simple fait de «donner raison» aux autres de sa propre espérance, une espérance qui demeure scandale et folie aux yeux du monde.

A quoi reconnaît-on le "missionnaire" chrétien ?

Une caractéristique distinctive est qu’il sert de facilitateur et non pas de contrôleur de la foi. Faciliter, rendre facile, et non pas mettre des obstacles au désir de Jésus d’embrasser tout un chacun, de guérir tout un chacun, de sauver tout un chacun. Ne pas faire de sélections, ne pas établir de "douanes pastorales". Ne pas se comporter comme ceux qui se mettent sur le pas de la porte pour contrôler si les autres ont bien les prérequis pour entrer. Je me souviens des curés et des communautés qui, à Buenos Aires, avaient mis sur pied de nombreuses initiatives pour rendre plus facile l’accès au baptême. Ils s’étaient aperçus qu’au cours des dernières années, le nombre de ceux qui n’étaient pas baptisés pour de nombreux motifs, y compris sociologiques, croissait. Ils voulaient rappeler à tous qu’être baptisés est une chose simple, que tous peuvent demander le baptême pour eux-mêmes et pour leurs enfants. La route entreprise par ces curés et ces communautés était une et une seule : ne pas ajouter de poids, ne pas prétendre, ôter toute difficulté à caractère culturel, psychologique ou pratique qui pourrait pousser les personnes à reporter ou à abandonner leur intention de baptiser leurs enfants.

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