Il y avait foule devant la crèche de la Grand-Place à Bruxelles. Formidable grande crèche de Noël avec des personnages grandeur nature vêtus de costumes somptueux.
Juste à côté de moi, en admiration, une petite fille (6 ou 7 ans, sans doute) et sa maman. Ses yeux brillaient comme ceux de beaucoup d’adultes d’ailleurs. Après un long silence de contemplation elle demande: « Dis, maman, c’est un vrai mouton? » Dans une grande annexe de la crèche se trouvaient, en effet, un mouton et un âne. Et la maman, bien informée de répondre: « Non! Ce sont des animaux empaillés. Jusqu’à il y a quelques années il y avait ici, dans la crèche de la Grand-Place de vrais animaux. Mais comme certaines personnes venaient leur faire du mal pendant la nuit, il fut décidé de les remplacer par ceux-ci. »
Histoire de la crèche de Noël
Question toute naturelle d’une enfant, intéressée par les animaux autant (sinon parfois davantage que par les personnages humains). Mais au fond, sa question, sans le savoir, rejoint l’histoire de la représentation du récit de l’évangile selon saint Luc (Lc 2, 1-14). C’est dans la ville italienne de Greccio, en 1223 en Italie, trois ans avant sa mort, que François d’Assise eut l’intuition de célébrer Noël. Il le fit avec un ami, devant tous les habitants, dans une grotte où il avait fait placer une mangeoire remplie de paille, derrière laquelle un âne et un bœuf avaient été placés. Un vrai âne et un vrai bœuf, cette fois! Et on raconte que saint François, dans sa mission de diacre, fit un tel commentaire de la venue de l’enfant Jésus sur notre terre, homélie pleine de vie et de chaleur, qu’à partir de là se répandit la pratique de réaliser des crèches avec des vrais animaux et de vrais personnages (les crèches vivantes). Plus tard, des crèches avec des statuettes perpétuèrent cette belle tradition qui peut être une vraie belle catéchèse.
Jésus et nous, de vrais personnages
On dit aussi que c’est la mangeoire qui servit d’autel cette nuit là, en 1223. Le prêtre qui accompagnait François, déposa en effet le pain, le corps du Christ dans la mangeoire… pour être nourriture. Au fond, quand on y pense, c’est bien de cela qu’il s’agit chaque fois que nous vivons l’Eucharistie. Nous ouvrons notre vie pour que le corps du Christ vienne nous nourrir. Nos mains, notre corps deviennent mangeoire. Nous sommes vraiment à chaque communion la crèche de Bethléem. Nous sommes aussi Marie, chaque fois dans notre vie que nous disons « Oui! » à un projet que Dieu nous propose de vivre (comme lors de l’Annonciation en Lc 1,38). Nous sommes encore Marie, chaque fois qu’aujourd’hui, dans notre monde, nous faisons naître quelque chose du Christ dans le cœur et dans l’esprit de quelqu’un. Nous sommes Joseph chaque fois que nous veillons à ce que celui qui est la Parole puisse advenir et grandir. Nous sommes les bergers chaque fois que nous nous émerveillons de la présence du Seigneur. Nous sommes les mages chaque fois que nous venons nous recueillir devant Sa présence, chaque fois que nous apportons quelque chose de nous qui est précieux aux yeux de Dieu, chaque fois que nous reconnaissons que Jésus est notre roi (symbolique de l’or), qu’il est le Seigneur (symbolique de l’encens), qu’il est celui qui est mort et ressuscité (symbolique de la myrrhe, pommade précieuse pour embaumer les morts). Nous sommes même l’âne, chaque fois que nous portons ce qui est trop lourd pour nos sœurs et frères, et le bœuf chaque fois que nous réchauffons le cœur et le corps d’autrui.
La vérité du rejet
Mais le plus beau et le plus terrible à la fois était à venir. En quittant la Grand Place, je vis dans une rue voisine une famille entière de réfugiés (papa, maman, enfants) par terre, avec un petit gobelet devant eux. Et la foule passait sans même les regarder. Où est la vérité de Noël?
Où est la famille pour qui il n’y avait pas de place à Bethléem… pardon à Bruxelles?