Cinéma : Le successeur qui voulait démissionner


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Cinéma : Le successeur qui voulait démissionner
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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L’Eglise catholique inspire souvent le cinéma. Pour preuve, The Two Popes (Les Deux Papes) qui sort cette semaine sur les écrans. Il nous offre les discussions intenses entre deux papes, l’un conservateur, l’autre progressiste.

Deux papes vivants, côte à côte. En sept siècles, l’Eglise catholique n’avait jamais connu une telle situation. En 2013, l’annonce de la renonciation de Benoît XVI signifiait qu’il allait côtoyer son successeur, le cardinal Bergoglio. Un homme prônant une ouverture de l’Eglise, à l’encontre des valeurs ultra-conservatrices de son prédécesseur. Cette opposition a inspiré un film à Fernando Mereilles qui imagine la confrontation entre les deux hommes. Il nous raconte ça avec sérieux, mais en insérant des touches de légèreté qui rendent ce récit passionnant.
Nous sommes alors en 2012, un an avant l’annonce de Benoît XVI. Frustré par la gestion de l’Eglise, le cardinal argentin a demandé au pape de le retirer de ses fonctions. Plutôt que de le lui accorder, Benoît XVI l’a convoqué pour discuter. Un combat intellectuel sans précédent s’est alors déroulé derrière les murs du Vatican. Une lutte entre tradition et progrès, culpabilité et pardon. Leurs deux visions se sont affrontées, jusqu’à ce que le pape annonce sa volonté de laisser la main. Pendant leurs échanges, ces deux hommes que tout sépare se sont retrouvés devant leur propre passé afin de trouver un terrain d’entente. On passe alors en Argentine, à l’époque où Jorge Bergoglio a entendu la voix de Dieu. Mais on s’attarde aussi sur des moments plus douloureux qu’il regrette encore.

Deux papes, deux visions
Produit par Netflix, qui le diffusera après sa sortie en salle, dès le 20 décembre, The Two Popes s’adresse avant tout aux catholiques concernés par le devenir de l’Eglise. Librement inspiré de faits réels, le film de Fernando Mereilles (The constant gardener) montre avec respect, sans charger l’un ou l’autre, les divergences qui peuvent exister dans la foi. Tous deux servent le même Dieu, mais de façon différente. Leurs discussions font surgir des questionnements récurrents dans l’Histoire. Ceux de l’évolution des pratiques, en phase avec la société, face à la conservation de la doctrine. La force du film tient également au fait qu’il aborde des questions très délicates, sans édulcorer les scandales.
Enfin, il s’agit aussi d’une lutte entre deux personnalités. L’un, introverti, conservateur, l’autre, à la bonhomie contagieuse, progressiste. Deux caractères, deux visions, deux papes et une seule Eglise. On se réjouit de voir Anthony Hopkins (en Benoît XVI) et Jonathan Pryce (cardinal Bergoglio) en telle forme. Les deux acteurs étaient nés pour interpréter ces rôles, non seulement par leur troublante ressemblance physique, mais aussi par l’aura qu’ils dégagent. Ce film nous parle d’une amitié entre deux hommes qui ne sont a priori pas faits pour s’entendre. Il montre l’être humain dans toute sa complexité. Humain. Ce mot a toute son importance. Les deux hommes de foi dévoilent leurs failles. Sous les habits, le pape et le cardinal sont en proie aux mêmes doutes que le commun des mortels. Et tentent, comme n’importe qui, de vivre au mieux dans le monde qui les entoure.

Elise LENAERTS

Catégorie : Culture

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