Guilhem Causse, jésuite philosophe, auteur entre autres de L’arbre du pèlerin, nous partage ses réflexions sur le repentir et la consolation. Plus qu’un livre, c’est une main tendue pour relever et faire traverser l’abîme.
D’emblée on ne saisit pas où Guilhem Causse veut nous mener. Il nous définit le "pardon qui n’a rien d’un baume apaisant posé sur un cœur meurtri". Qui est composé de "par" et "don": tout commençant par un don originel; mais un don ultime dans sa volonté d’aller jusqu’au bout. Jusqu’au don de soi. Reprenant le commentaire philosophique de Paul Ricœur sur l’hymne à l’amour de saint Paul (Corinthiens 1, 13) "Le pardon est la plus grande hauteur de l’amour."
Et puis, on comprend. Dénonciation. Commentant le chapitre 18 de l’Evangile de Matthieu, on sent comme une tension sourde, un visage qui se relève et prend la parole. Pour la donner. Pour transmettre un cri que certains ne peuvent pas émettre. Il interpelle, dénonce. Et on comprend la tension du jésuite. De l’homme. De l’humanité tout entière.
Commentant des textes fondateurs de l’Ancien Testament, des évangiles, des paraboles. Présentant des études de philosophes tels Ricœur, Arendt, Levinas. Expliquant des rites, cérémonies, gestes d’autres temps et d’autres cultures. Guilhem Causse nous rappelle "comment l’homme se constitue, personnellement et collectivement, à partir d’une confiance originelle qui est donnée et à recevoir. Et il montre comment l’homme est destitué de son humanité lorsque ce don est trahi (coupable) ou qu’il apparaît comme empoisonné (victime)."
Merci à l’auteur de nous rappeler que lorsque quelqu’un tombe, agressé et comme jeté dans l’obscurité loin des hommes et de toute humanité, c’est à la communauté, individuellement, collectivement, institutionnellement, d’agir, de protéger, de faire obstacle, de prendre la parole et d’avoir les gestes pour préserver et redonner cette humanité. Permettre à celui qui est dans le noir d’être tiré de l’abîme vers la lumière pour marcher à nouveau debout. Dans une confiance restaurée et retrouvée. En l’homme. Parce que c’est l’humanité de l’un qui permet l’humanité de tous.
Fête du Grand Pardon: rassemblement de tous, du plus petit au plus grand, dans la paix retrouvée, devant Dieu.
Isabelle ELUKI
Librairie CDD Bruxelles
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Guilhem Causse, "Le pardon ou la victime relevée". Salvator, septembre 2019, 192 pages, 18€ (+2,85€ frais d’envoi) – Remise de 5% sur mention de l’article.