Rencontrer le Christ, en témoigner et se mettre au service de son prochain, voilà la base de la mission. Depuis le 1er octobre, fête de sainte Thérèse de Lisieux, sainte patronne des missionnaires, l’Eglise invite à se mettre en mouvement.
Le pape François a décrété qu’octobre 2019 serait un mois missionnaire extraordinaire. A ceux qui croyaient que l’effort missionnaire était fini – de moins en moins de religieux, prêtres et laïcs quittent la Belgique pour annoncer l’Evangile –, l’Eglise répond: « Au contraire! » De fait, aujourd’hui, ce sont les missionnaires venus d’autres continents qui viennent assumer dans nos sociétés historiquement chrétiennes une partie des tâches pastorales. Dans certains diocèses de Belgique, par exemple, les prêtres africains ont la charge de paroisses, ou d’une unité pastorale, voire d’un doyenné.
Le père Michel Coppin, directeur de Missio Belgique, relève: « En Occident, l’Eglise a perdu beaucoup de son dynamisme. Nombreux sont nos contemporains qui n’ont plus aucune attache avec l’Eglise. Peut-être avons-nous besoin d’être nous-mêmes évangélisés pour qu’on ait envie de pousser la porte d’une église. » Cela renvoie chacun à cette question: « Quel chrétien suis-je? » Le fait d’avoir été baptisé(e) donne à chaque chrétien un nouveau départ, poussé par l’amour de Dieu. Par le baptême, chaque membre du peuple de Dieu est envoyé en mission.
Sortir de sa zone de confort
« Tout chrétien et toute communauté discerneront quel est le chemin que le Seigneur demande », écrit le pape François dans sa première lettre d’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, (publiée en 2013). Il poursuit: « Nous sommes tous invités à accepter cet appel: sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile. » C’est cela la mission: aller au-delà de nos zones habituelles pour annoncer le dessein d’amour de Dieu pour l’humanité. L’évangéliste Matthieu raconte cette interpellation du Christ après sa Résurrection: « Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples ».

Un exemple d’évangélisation mêlant les générations: les Chanteurs à l’étoile qui vont de maison en maison au moment de l’Epiphanie
Comment répondre à cet appel missionnaire? Nous ne sommes pas tous invités à partir au loin pour promouvoir l’Evangile. Le nombre de kilomètres à parcourir s’est limité puisque le catholicisme est désormais étendu à toute la planète. La mission consiste plutôt à mettre « les mains dans le cambouis » (selon l’expression choisie par Missio-Belgique) là où nous sommes implantés. Quatre pistes sont recommandées: rencontrer Jésus-Christ et… les autres, témoigner, communiquer et servir. L’élan missionnaire ne peut se vivre dans un coin, tout seul. Le témoignage et le service ne se produisent que lors de la rencontre avec l’autre. « Impossible de prétendre avoir rencontré le Christ si nous ne rencontrons pas nos contemporains et si nous ne les rejoignons pas dans leur vie et leurs préoccupations quotidiennes », expliquent Armelle Griffon et Catherine De Ryck, de Missio.
La force du témoignage peut contribuer à ressourcer chaque chrétien dans l’élan de son baptême. Mgr Luc Van Looy, évêque référent pour la mission, prend l’exemple de l’enseignement: « N’importe quel professeur, même de mathématiques, peut témoigner de sa foi. Cela par un mode de vie et une manière d’enseigner, qui poseront des questions sur sa motivation profonde. L’évangélisation ne passe pas seulement par des mots. En fait, vous êtes un missionnaire par votre façon d’être, les mots ne viennent qu’après! » Mgr Van Looy en est d’autant plus conscient qu’il a exercé plusieurs années comme missionnaire en Corée du Sud, dans une région où l’évangélisation visible n’était pas permise.
Dans les diocèses
Les différents diocèses francophones de Belgique organisent quelques événements pour marquer ce mois missionnaire extraordinaire. Certaines rencontres avec le témoin du Venezuela (lire ci-dessous) sont prévues à Bruxelles les 19 et 20 octobre. L’accent est surtout mis sur le thème de la mission universelle. Le vicariat du Brabant wallon a par exemple lancé un site internet au nom particulièrement explicite: www.tousdisciples.be. Les différentes unités pastorales y dévoilent les initiatives pour (re)découvrir sa mission de baptisé. A Bruxelles, la problématique du vivre ensemble prime particulièrement dans cette ville cosmopolite. L’élan missionnaire prend la forme, par exemple, d’un moment convivial où chaque paroissien invite une personne seule de son quartier. Dans le diocèse de Liège, l’accent est mis sur la catéchèse intergénérationnelle où chacun (jeune ou plus âgé) peut partager sa manière de vivre sa foi. Dans cette région de l’est du Royaume, existe aussi cette belle initiative des Chanteurs à l’étoile qui vont de maison en maison au moment de l’Epiphanie. Dans le diocèse de Tournai, le dimanche 20 octobre, fête de la mission universelle, est marqué par une célébration aux couleurs du monde à la Cathédrale.
Partout, en paroisses et dans les lieux de rassemblement, des pralines et d’autres objets seront vendus au profit de Missio. Des collectes auront lieu à l’occasion des messes des 19 et 20 octobre, pour le week-end de la mission universelle. Des dons peuvent aussi être versés sur le compte* de Missio, pour pouvoir financer la formation des prêtres et agents pastoraux, les projets au profit des enfants…
Anne-Françoise de BEAUDRAP
Infos et dates: www.missio.be
*IBAN BE19 0000 0421 1012 – BIC BPOTBEB
Bienvenidos a Venezuela
Comme chaque année, Missio met l’accent en ce mois d’octobre sur ses projets pastoraux à l’étranger. Pour 2019, c’est le Venezuela, plongé dans une terrible crise économique et politique, qui a été choisi. Le très médiatique président Hugo Chavez (mort en 2013), avait ancré l’économie du pays dansles exportations pétrolières au détriment de la production de denrées de première nécessité. La République bolivarienne du Venezuela a donc subi de plein fouet la chute des cours de l’or noir. Les populations les plus démunies se sont encore appauvries à cause de la réduction des aides sociales. La misère a contraint de nombreux Vénézuéliens de s’exiler. « La situation économique du pays est comparable à celle d’un pays en guerre », relevait Aide à l’Eglise en Détresse l’année dernière.
Dans ce pays où la population se dit à 90% catholique, l’Eglise reste influente dans de nombreux domaines. A de nombreuses reprises avant et après les dernières élections présidentielles, l’épiscopat vénézuélien (opposé à Nicolas Maduro) a pris la parole s’inquiétant de cette « crise qui frappe durement les personnes et les familles les plus vulnérables: les pauvres, les paysans, les ouvriers, les malades, les anciens, les indigènes et les mineurs ». Les besoins sont gigantesques. Les paroisses le long de la frontière avec la Colombie sont particulièrement sollicitées.
Missio-Belgique propose que les collectes de ce mois de la mission universelle puissent financer deux projets spécifiques dans ce pays d’Amérique du Sud: il s’agit d’abord de deux foyers destinés aux enfants et aux jeunes à Caracas, la capitale du Venezuela. La congrégation des Salvatoriens y accueille les enfants des rues pour les aider à se reconstruire. Par ailleurs, l’œuvre pontificale missionnaire veut soutenir financièrement la formation des prêtres dans ce pays. Les candidats sont nombreux. Ces futurs prêtres seront, espérons-le, un soutien capital pour la population éprouvée par le combat quotidien.
A.-F.d.B.