Comment révise-t-on une Bible ? Comment ne pas trahir les écrits originaux ? Comment fait-on évoluer les textes bibliques ? Valérie Duval-Poujol, bibliste baptiste, a piloté le projet d’actualisation de la Bible en Français courant.
Depuis 1982, la Bible Français Courant, l’une des vingt traductions francophones existantes, a trouvé son public et méritait une actualisation approfondie, la première révision datant de 1997. En trente ans, la langue française a évolué mais ce projet d'actualisation ne cède aucunement à un effet de mode. Ce travail de réédition - trois ans de travaux intenses, suivis de neuf mois de labeur éditorial - a été mené dans le plus grand respect des textes grecs et hébreux, insiste la théologienne Valérie Duval-Poujol, qui présidait le comité scientifique.
Une traduction pour tous
Cette Bible a la particularité d’être la seule traduction francophone interconfessionnelle et internationale. "Cela fait partie de son ADN. " indique la théologienne. Pour cette actualisation, le souci de l’autre fut donc central. " Nos formulations devaient pouvoir être lues et acceptées par des protestants, des catholiques et des orthodoxes. " explique Valérie Duval-Poujol. Parmi les experts choisis pour rejoindre le groupe des réviseurs, une soixantaine au total, se trouvent quatre Belges : Jean-Marie Auwers, spécialiste du cantique des cantiques, Maurice Gilbert, fin connaisseur des Livres des Sages, Claude Lichtert, spécialiste d’Isaïe et de Jonas, et enfin Camille Focant, spécialiste de Marc.
Moins sexiste
"Il fallait éviter les termes connotés", développe Valérie Duval-Poujol, mais aussi des termes désuets, ambigus ou obscurs et aussi tous ceux dont l'acception a évolué. Ainsi, "ses frères de race" devient " ses frères les Hébreux". La volonté du comité fut aussi de travailler à une traduction épicène, c’est-à-dire moins sexiste, une dynamique déjà bien ancrée chez les exégètes canadiens. Une attention particulière a également été portée à l’oralité du texte.
Retrouvez dans un prochain numéro de Dimanche notre rencontre avec Valérie Duval-Poujol.
Sophie DELHALLE