Le 29 septembre, Aude Carré s’en est allée rejoindre le Ciel. De cette femme, l’on retiendra un attrait pour la luminosité des ciels mouvants, à l’image de l’existence humaine, quelquefois bousculée et toujours imprévisible.
C’est sur une citation de Georges Braque que s’ouvre le site personnel de l’artiste Aude Carré-Sourty : “L’art est une blessure devenue lumière”. Tout s’y trouve résumé : l’art, la maladie, la transfiguration… La maladie, Aude Carré l’évoquait sans tabou, parlant du combat mené contre le cancer depuis 13 ans déjà.
Un thème récurrent
En guise de support, la peintre privilégiait de grandes plaques en métal, sur lesquelles elle composait ses tableaux, avec comme leitmotiv des ciels, tantôt nuageux, souvent lumineux. Sa préférence va naturellement aux teintes minérales, à la sonorité plus grave. « Ce travail du ciel vient illustrer finalement ce que je vis intérieurement et ce chemin de foi que j’ai », confie-t-elle lors d’une interview télévisée. Ce sont précisément les moments de doute et de confiance qui habitent ses paysages nuageux, composés au pinceau et à la main. Car l’artiste s’investit dans ses compositions, s’y projetant physiquement dans son atelier, qui donne sur le couvent Saint-Antoine des franciscains à Bruxelles. Ces dernières années, l’obscurité avait diminué pour faire place à davantage de luminosité.
La joie de vivre
Coauteur avec Aude Carré du livre intitulé « Au cœur du mystère », l’abbé Benoît de Baenst évoque la peintre : « Elle était dans l’instant présent, avec un regard positif sur les gens. Elle s’enthousiasmait pour beaucoup de choses, avait une foi chrétienne très profonde, ancrée. Son rapport à la maladie a évolué, elle a franchi les étapes après s’être battue pour vivre, avoir défié la médecine puisqu’elle n’est décédée que maintenant, treize ans après le début de la maladie. Depuis le mois de septembre, elle était en soins palliatifs chez elle, où de très nombreuses personnes sont venues lui rendre visite de France, du Liban, du Brésil et aussi de Moscou. Plein de monde est passé à son chevet. Les gens trouvaient chez elle un accueil inconditionnel, mêlé de joie. Elle a toujours fédéré les personnes entre elles. Sa liberté intérieure était contagieuse. Malgré son envie de vivre, Aude a accepté la mort et l’a finalement vécue comme un passage vers Dieu. Elle s’est endormie dans le Seigneur très paisiblement ».
Angélique TASIAUX