Aiku, comme on l'appelle dans son village, est un Amérindien de l'ethnie Wayana, en Guyane française. Il était l'invité d'Etienne de Loraillère pour le premier grand entretien dans le cadre du synode sur l'Amazonie, que nous propose la chaîne KTO. Un témoignage bouleversant à lire et à écouter.
Aikumale Alemin est un Amérindien de l’ethnie Wayana, candidat au diaconat dans le diocèse de Cayenne, en Guyane française. Il accompagne l’un des pères synodaux, Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, et il a été désigné pour représenter, lors cette assemblée spéciale des évêques, tous les peuples amérindiens de Guyane française.
Catholique, converti il y a 6 ans avec sa femme, il adresse un vibrant appel, depuis la tribune du Synode où il avait été invité comme auditeur, à une reconnaissance des peuples autochtones. Il appelle à une Église toujours plus engagée. «Il faut que nous soyons considérés comme des êtres humains, il faut reconnaître nos histoires, nos cultures et reconnaître que nous avons besoin d’un morceau de terre pour nos enfants».
Une terre meurtrie et bafouée
Aikumale Alemin évoque les nombreuses menaces qui pèsent sur son peuple, l’orpaillage illégal qui «détruit la nature, notre nature où l’on chasse, où l’on pêche, où poussent les médecines traditionnelles». «Amérindiens ou Bushinengués, nous n’avons plus beaucoup d’endroits où aller», déplore t-il, réclamant que la terre de leurs ancêtres, qui appartient à l’État, leur soit confiée.
«Cette terre n’est pas du tout respectée» s’inquiète cet Amérindien de l’ethnie Wayana qui dénonce la pollution du mercure, utilisé pour amalgamer l’or. «Jeté sur les sols et dans les rivières, il contamine les animaux et notamment les poissons que nous consommons» et certains bébés naissent avec des malformations.
Une Église engagée pour lutter contre de nombreux maux
Au niveau pastoral, Aikumale Alemin dit attendre de l’Église catholique, qu’ «elle ne soit pas comme les autres Églises» qui «divisent les familles et anéantissent leur culture» mais qu’«elle accompagne les enfants au niveau de l’éducation», qu’«elle défende la jeunesse» menacée par différents fléaux comme la drogue.
Autre drame, qui nécessite le soutien de l’Église, celui du viol de très jeunes filles et qui deviennent mère à 15 ou 16 ans. «Nous avons besoin que l’Église ait des yeux partout» et qu’«elle puisse appuyer les projets dont nous avons besoin, notamment pour que les enfants restent auprès de leur famille» affirme Aikumale Alemin déplorant le départ précoce des enfants pour les villes, dès l’âge de 12 ans. Ainsi «ils perdent leur culture et leur langue».
Respecter la culture des peuples autochtones
Le Pape François, ce lundi, dès l’ouverture des travaux du Synode a invité à se rapprocher des peuples amazoniens «sur la pointe des pieds, en respectant leur histoire, leurs cultures», en évitant l’écueil du prosélytisme et des colonisations idéologiques.
Pour Aikumale Alemin, il existe toujours une forme de colonisation et il dit souhaiter que se développe «un partenariat avec l’Église catholique», qu’elle soutienne, accompagne mais qu’elle n’impose pas, et qu’ «elle nous fasse confiance par rapport à la culture car la culture fait partie d’un peuple».
Source : VaticanNews
(Re)voir le témoignage de Aikumale Alemin, dans l'entretien qu'il a accordé à la chaîne KTO, cliquez sur ce lien ou sur l'image.