Lors de l'Angélus du 1er septembre, le pape François annoncé la tenue d’un consistoire le 5 octobre au cours duquel il remettra la barrette cardinalice à treize membres du clergé. Dix seront amenés à être électeurs en cas de conclave, dont Mgr Höllerich, archevêque de Luxembourg (lire sa réaction en fin d'article).
Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot est l'actuel président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux. Né à Séville (Espagne) en 1952, il est ordonné prêtre en 1980 avant d’être envoyé comme missionnaire en Égypte et au Soudan. Spécialisé en études arabes et en islamologie - qu’il a d’ailleurs enseignée -, Mgr Ayuso est nommé secrétaire du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux en 2012 par le Pape Benoît XVI. Il devient alors le plus proche collaborateur du cardinal français Jean-Louis Tauran, décédé le 5 juillet 2018. C’est sur les traces de cette éminente figure qu’il place son action à la tête de ce même dicastère, où l’a nommé le Pape le 25 mai dernier.
Mgr Fridolin Ambongo Besungu, est l'archevêque de Kinshasa. A 59 ans, ce dernier sera donc le deuxième cardinal vivant originaire de la République démocratique du Congo, aux côtés de Mgr Laurent Monsengwo Pasinya. Il est aussi le deuxième capucin au sein du Collège cardinalice.
Mgr Juan de la Caridad García Rodríguez, est l'archevêque de La Havane depuis 2016. Le prélat cubain est à lui seul un véritable “témoignage de vie”. Ils ont évoqué aussi son “ardeur missionnaire” et son amour pour les plus pauvres et les plus nécessiteux se manifestant par des gestes concrets.
Mgr Matteo Zuppi figure également parmi les futurs cardinaux. L’archevêque de Bologne, pilier de la Communauté de Sant’Egidio, était auparavant incardiné au diocèse de Rome, dont il fut même l’évêque auxiliaire jusqu’en 2015. Réputé pour sa simplicité et sa proximité, Mgr Zuppi est aussi connu sur la péninsule italienne pour prôner un accueil digne des migrants et des réfugiés.
Un évêque “dérangeant” pour les puissants
Alors que commence au Guatemala le ‘mois de la patrie’, l’annonce de la création cardinalice de l’un des leurs, Mgr Alvaro Leonel Ramazzini Imeri , a une résonance particulière. Pour les confrères de l’évêque de Huehuetenango, cette nomination vient souligner son amour pour les plus pauvres et les exclus. Elle s’explique par sa défense des migrants et sa recherche de la paix et de la justice.S’il a déjà reçu de nombreuses reconnaissances internationales pour son combat en faveur des pauvres et des marginalisés, Mgr Alvaro Leonel Ramazzini est un évêque “dérangeant” pour les puissants, raison pour laquelle il est depuis de nombreuses années la cible de tentatives d’intimidation et de menaces de mort.
C’était déjà le cas en 2004 et 2008, quand il était évêque de San Marcos, en raison de son travail pastoral en faveur des communautés indigènes et paysannes de l’altiplano guatémaltèque. Il luttait alors contre la destruction de l’environnement par les compagnies minières multinationales qui exploitent l’or dans le département de San Marcos et mettent en danger la santé des populations par l’utilisation de cyanure et de mercure pour le traitement du minerai.
Mgr José Tolentino Calaça de Medonça est depuis juin 2018 archiviste et bibliothécaire de la Sainte Église Romaine. Ce portugais né à Madère a effectué une longue carrière au sein du milieu universitaire catholique. Il est l’auteur de nombreux volumes sur la théologie et l’exégèse.
L’importance de l’Indonésie
Mgr Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo est l'archevêque de Jakarta. Sa présence dans le collège cardinalice récompense son leadership “tant dans ce diocèse qu’à l’échelle nationale”. Le Vatican veut sans doute, par cette création, insister sur l’importance de l’Indonésie.
Le Pape François a également choisi d’honorer l’archevêque de Rabat au Maroc, pays qu’il a visité en mars dernier. Mgr Cristobal Lopez Romero, salésien, a passé de nombreuses années au Paraguay et en Bolivie avant d’être appelé dans le Royaume chérifien en 2017. Mgr Cristóbal López Romero a commenté sa nomination en affirmant que son “titre et diplôme le plus haut est celui d’être ‘fils de Dieu’”, obtenu par le baptême. Et l’évêque d’origine espagnole d’insister: “Je suis déjà au sommet, je ne peux monter ou être promu, parce que plus haut que fils de Dieu, ce n’est pas possible!”
Un cardinal pas encore évêque
De son côté, le Père Michael Czerny, sous-secrétaire de la Section migrants et réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral, a parlé d’une “nouvelle mission, d’un nouveau service”. Le prêtre canadien, originaire de Tchécoslovaquie, est la véritable surprise de l’annonce de ce consistoire puisqu’il n’occupe pas une charge habituellement liée à une barrette cardinalice et qu’il n’est même pas évêque. Il devrait donc recevoir la consécration épiscopale avant le consistoire.
Mgr Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, recevra également la barrette cardinalice le 5 octobre prochain. Une première pour la communauté catholique du Grand-Duché qui n'avait jamais compté de cardinal jusqu'à présent. C’est en 1990 que Mgr Höllerich a reçu l’ordination presbytérale au sein de la Compagnie de Jésus. Il occupera plusieurs fonctions au sein de l’Église du Grand-Duché, mais ne pourra jamais résister à l’appel du Japon. Il y effectue un premier séjour de 1985 à 1989, où il apprend la langue et la culture, avant d’y retourner en 2002. Il fera d’ailleurs sa profession religieuse définitive en l’église saint Ignace de Tokyo et enseignera à l’Université Sophia de la capitale japonaise. Benoît XVI le nomme archevêque de Luxembourg en 2012; en 2018, il est élu pour un mandat de 5 ans à la tête de la Commission des épiscopats de l’Union européenne (COMECE).
Serviteurs de l'Eglise
Le Souverain Pontife a aussi décidé d’adjoindre au collège cardinalice deux archevêques et un évêque «qui se sont distingués par leur service à l’Église». Il s'agit de Mgr Michael Louis Fitzgerald, ancien président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux et ancien nonce en Égypte; de Mgr Eugenio Dal Corso, évêque émérite de Benguela en Angola où il se dévoua auprès des plus pauvres, et premier membre de la congrégation des Pauvres servants de la Divine Providence à recevoir la barrette rouge; et enfin de Mgr Sigitas Tamkevicius sj, archevêque émérite de Kaunas en Lituanie, qui souffrit la persécution communiste durant l’ère soviétique. Pour ce dernier, cette distinction est liée au voyage du pape François dans les pays baltes en septembre 2018 durant lequel le pontife a pu “mieux comprendre ce qu’il était advenu du clergé et de l’ensemble du peuple lituanien pendant les années d’oppression soviétique”. C’est une reconnaissance pour “tous les peuples qui se sont battus pour la liberté”, a ainsi soutenu Mgr Tamkevičius.
Plus de la moitié des électeurs nommés par François
Après ce consistoire, 67 des cardinaux électeurs auront été nommés par l’actuel chef de l’Eglise catholique. Sur l’ensemble des 128 électeurs, 52% auront donc reçu la barrette rouge des mains du pape argentin, 33% de celles de Benoît XVI et 15% de celles de Jean Paul II. Les électeurs européens seront désormais 55, les Latino-américains 23, les Nord-Américains 10, les Africains 17, les Asiatiques 16 et les Océaniens 4.
Si le Collège cardinalice dépasse la limite de 120 électeurs après ce consistoire, le nombre redescendra à 124 dès le 17 octobre en raison d’anniversaires. Sauf cas de décès, il faudra attendre le 12 novembre 2020 pour atteindre à nouveau la limite théorique de 120.
P.G. (Avec Vatican News et Imedia)
Mgr Hollerich: «avoir l’humilité d’être au service de l’Église, et de rien d’autre»
Comment avez-vous appris la nouvelle?
J’étais tout à fait surpris, car j’étais en vacances pour une semaine au Portugal. J’assistais à la messe, et à la sortie, j’ai vu tous ces messages de félicitations. Je ne comprenais pas pourquoi. J’ai appris que j’ai été nommé cardinal. C’est une grande joie d’avoir la confiance du Saint-Père, c’est un honneur.
L’Évangile du jour qui dit qu’il ne faut pas prendre les premières places était celui qu’il fallait le jour de cette nomination. Je prie donc Dieu pour avoir l’humilité d’être au service de l’Église, et de rien d’autre.
Je sais que le Pape apprécie beaucoup l’Union européenne comme un facteur de paix et de stabilité dans le monde. Il faut donc tout faire pour que cette Union européenne puisse avoir du succès, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a aucune divergence entre l’Église et l’UE. Je pense aussi à l’engagement que j’ai eu pour les réfugiés, au voyage que j’ai pu faire sur l’île de Lesbos avec le cardinal Krajewski. C’était une expérience très importante. Dans mes prières, je revois souvent le visage des réfugiés que j’ai pu rencontrer mais dû laisser dans leur misère. Je suis très content que l’État luxembourgeois nous ait permis d’accueillir à la charge de l’Église, et non de l’État deux familles de Lesbos.
Propos recueillis par réalisé par Manuella Affejee – Cité du Vatican