Le Mozambique est meurtri par la guerre et les catastrophes naturelles mais avance courageusement vers la paix. Tel est le constat du pape François qui, dès son arrivée dans le pays, a souligné "l'espérance d'un avenir meilleur". Un message qui peut aussi nous interpeller.
S'adressant dès son arrivée aux victimes des cyclones Idai et Kenneth, le souverain pontife a tenu à partager leur souffrance. Pour elles, il a prié la Providence afin que "ne vous fasse pas défaut la sollicitude de tous les acteurs civils et sociaux qui, en mettant la personne au centre, seront capables de promouvoir la reconstruction nécessaire".
Il a également exprimé sa "reconnaissance et celle d’une grande partie de la communauté internationale pour les efforts qui, depuis des décennies, sont accomplis afin que la paix redevienne la norme et la réconciliation, le meilleur chemin pour affronter les difficultés et les défis que vous avez en tant que Nation".
Par ailleurs, s'adressant aux autorités, François a salué l'accord de cessez-le-feu définitif signé il y a quelques semaines entre le gouvernement et l’ex-rébellion, entrée dans l’opposition mais dont certains groupes avaient gardé les armes. Cet accord permet d’ouvrir un "avenir redessiné de paix et de réconciliation". Grâce aux efforts de ces dernières années, la paix peut devenir la "norme" et le "critère régulateur des relations humaines".
Le successeur de Pierre a prôné "le courage de la paix, qui est un travail ardu, constant et sans trêve, car il ne s’agit pas seulement de l’absence de conflit mais aussi de l’engagement inlassable pour la dignité de chacun." Et le souverain pontife de résumer: "Non à la violence qui détruit, oui à la paix et à la réconciliation!”. Car sans paix, pas de développement. Or le Mozambique est le 7e plus pauvre pays au monde.
Inclure tout le monde, surtout les jeunes
Pour permettre le développement, le pape veut "encourager à poursuivre le travail de consolidation des structures et institutions nécessaires pour que personne ne se sente abandonné". François insiste en outre pour inclure en particulier les jeunes qui constituent la majorité de la population. "Ils ne sont pas seulement l’espérance de cette terre, ils sont le présent qui interpelle, cherche et a besoin de trouver des moyens dignes leur permettant de développer leurs talents ; ils sont un potentiel pour semer et développer l’amitié sociale tant désirée», a-t-il souligné.
"Une culture de paix implique un développement productif, substantiel et inclusif, où chaque mozambicain puisse sentir que ce pays est sien, et dans lequel il puisse établir des relations de fraternité et d’équité avec son voisin et avec tout ce qui l’entoure", a insisté le pape. En invitant au soin de la Maison commune, il s’est ainsi élevé contre la "tendance au pillage et à la spoliation". Pour rappel, François a déclaré le mois de septembre 'Mois de la Création' et invite tout un chacun à œuvrer pour protéger notre terre
En conclusion de son premier discours, François a espéré que son séjour dans le pays "puisse contribuer à ce que la paix, la réconciliation et l’espérance règnent définitivement" parmi le peuple mozambicain.
Les jeunes, acteurs de la paix
Ensuite, le pape s'est rendu à une rencontre interreligieuse avec des milliers de jeunes. Ceux-ci avaient préparé de brèves allocutions, des chorégraphies ou encore des chants en guise d’accueil. Devant le Saint-Père, des dizaines de jeunes se sont succédé, chaque groupe s’exprimant au nom d’une confession religieuse particulière – chrétienne, musulmane, hindoue, catholique.
Un jeune homme a ensuite pris la parole, décrivant au pape François le Mozambique comme une terre dotée d’immenses ressources naturelles, mais où la plupart des jeunes vivent "dans un état de pauvreté absolue". Son intervention s’est conclue par deux questions: "que pouvons-nous faire pour que notre rêve devienne réalité ?" et "que faire pour que nous, les jeunes, nous fassions partie de la solution aux problèmes qui affectent notre pays ?".
Le souverain pontife a tenté d’y répondre dans son discours au ton affectueux et encourageant. "Que peut-il y avoir de plus important pour un pasteur que d’être avec ses jeunes ?", s’est-il d’abord exclamé. "Vous n’êtes pas que l’avenir du Mozambique, ou de l’Église et de l’humanité; vous êtes le présent : par tout ce que vous êtes et faites, vous apportez déjà votre contribution en lui offrant le meilleur que vous puissiez donner aujourd’hui", a-t-il poursuivi. "Vous êtes la joie de ce pays, la joie d’aujourd’hui, vous êtes la vitalité de ce peuple, où chacun joue un rôle fondamental, dans un unique projet innovant, pour écrire une nouvelle page de l’histoire, une page remplie d’espérance, de paix et de réconciliation", a encore déclaré le Pape à son auditoire.
Deux sportifs en exemple
Res-paix-cter ses racines et l'environnement
Un autre thème cher au souverain pontife a été évoqué, celui du lien aux anciennes générations. Il propose aux jeunes "un chemin fait de liberté, d’enthousiasme, de créativité, d’horizons nouveaux, mais en cultivant en même temps ces racines qui nourrissent et soutiennent". Invitant par ailleurs les jeunes à œuvrer pour la paix, le pape leur a demandé de "grandir dans l’amitié avec ceux qui pensent différemment, pour que la solidarité grandisse entre vous et devienne la meilleure arme pour transformer l’histoire". Rappelant enfin les deux cyclones qui ont ravagé le pays en début d’année, mais aussi les beautés naturelles du Mozambique, le Saint-Père a incité les jeunes à continuer de prendre "à bras le corps l’impérieux défi de protéger notre Maison commune".
Un appel qui nous concerne tous
En somme, le discours du pape est universel et s'adresse à chacun de nous. La réalité et les besoins des Mozambicains n'est pas si éloignée de la nôtre, des conflits qui nous opposent et des questionnements des jeunes Belges.
Ecoutons donc son appel à construire ensemble la paix, à choisir la réconciliation et à nous laisser aimer de Dieu. "Dieu vous aime et, sur cette affirmation, toutes nos traditions religieuses sont d’accord", a-t-il assuré, avant d'inviter l'assemblée à un petit temps de recueillement... "essaye de rester un moment en silence en te laissant aimer par lui. Essaye de faire taire toutes les voix et les cris intérieurs, et reste un moment dans les bras de son amour". Et François de conclure: "Je sais que vous croyez en cet amour qui rend possible la réconciliation".
Nancy Goethals/Vatican News/Cath.ch