
Des camps plus verts: les mouvements de jeunesse s’engagent de plus en plus à réduire leur empreinte écologique (c) GCB
Les camps des mouvements de jeunesse: un laboratoire de la vie en société et l’occasion de réinventer le monde. Dans cette troisième partie du volet « camps zéro déchet » (*), des témoignages et astuces montrent qu’il est possible de réduire la production de déchets résiduels.
Ainsi, un animateur des Guides Catholiques de Belgique (GCB) de Mont Saint Guibert témoigne: « Comme quoi, à plus de 50 pendant 10 jours, en faisant un peu attention, le défi peut se relever! Un projet laborieux que nous préparons depuis le début d’année. Mais le résultat en est d’autant plus satisfaisant. Parce que les mouvements de jeunesse sont une école de vie, il est de notre devoir de conscientiser sur la réalité présente ! »
1 gramme par jour et par personne…
Chez les Scouts et Guides Pluralistes (SGP), la démarche de réduction de leur empreinte écologique prend aussi de l’ampleur. La majorité des groupes a réduit ses déchets d’au moins 50% par rapport à l’année précédente. La section ‘Castors’ de la 256e de Rixensart a même réussi à ne produire que 200 grammes de déchets résiduels pendant sept jours de camp, pour une trentaine de participants! Et ils ne sont pas les seuls à avoir réussi cet exploit: qu’ils soient guides, scouts ou patros, ils sont de plus en plus nombreux à imposer une cure d’amaigrissement à leurs sacs poubelles.
Si les résultats ont bien sûr leur importance, la démarche de conscientisation est essentielle. Et cela se prépare! Ainsi, au fil des réunions, le staff ‘Baladins’ de l’unité scoute de Walhain a veillé à sensibiliser enfants et parents à la réduction des déchets; et ce, tant pour le matériel d’animation que l’alimentation. Le carnet de camp avait annoncé la couleur aux parents, leur demandant soutien et collaboration. Et les produits ont été achetés le plus possible en vrac et aux fermiers voisins du camp. Cerise sur le gâteau, les animateurs ont pu se réjouir de voir leurs baladins (6-8 ans) ramasser, de leur propre initiative, les déchets pendant leur hike (une marche de quelques kilomètres).
« Chez les SGP, explique Léa Gros – chargée des projets pédagogiques -, un tiers des 144 camps (NDLR: soit plus d’un millier de jeunes concernés) lance également sa propre initiative ‘zéro déchet’ (notamment grâce à notre outil AgiTaTerre). Une chose est sûre: l’empreinte écologique est devenue une vraie préoccupation de la part de nos membres. Celle-ci s’inscrit totalement dans les valeurs du scoutisme, c’est pourquoi il nous tient à cœur, en tant que Fédération, de l’encourager. Nous nous attendons d’ailleurs à une expansion des demandes d’accompagnement sur cette thématique de la part de nos groupes. »
Sensibilisation à grande échelle
Ainsi les différentes fédérations de mouvements de jeunesse s’engagent évidemment à côté de leurs animateurs. Sans leur soutien, il serait difficile à ces derniers d’arriver à de tels résultats et, qui plus est, sans grever leur budget camp. Léa Gros explique: « pour diminuer les coûts, la fabrication ‘maison’ est un réel atout. En tant que fédération, nous avons largement diffusé un outil pour réduire les coûts de son camp ». La fédération des Scouts Baden-Powelll de Belgique (communément appelée ‘Les Scouts’) offre aussi une panoplie d’outils et a inscrit le développement durable dans son programme d’animation fédérale appelé « #Impact« Celui-ci vise à encore améliorer l’impact positif du scoutisme sur les communautés dans lesquelles il vit.
Quand on sait que les mouvements de jeunesse, tous réseaux confondus (néerlandophones et francophones), rassemblent plus de 160.000 membres, le potentiel de sensibilisation des jeunes est donc énorme. En outre, l’apprentissage par l’action – un des leitmotivs du fondateur du scoutisme, Lord Baden Powell – est toujours au programme en 2019. Un autre volet de l’animation vise à former des jeunes qui s’engagent. Des louveteaux de Tournai, en camp en ce mois d’août près de Marche, ont ainsi passé une après-midi à nettoyer une rivière. Il n’y a donc pas d’âge pour devenir des C.R.A.C.S. (Citoyens Responsables Actifs, Critiques et Solidaires). Le témoignage d’une maman de baladins (voir article L’impact des camps zéro déchet) en est un bel exemple; elle qui remercie le staff de ses enfants de les avoir éveillés à la conscience écologique.

Sensibiliser les jeunes à l’environnement grâce à des activités ludiques leur permet de devenir acteurs de leur propre changement. Un défi – qui ne semblait pas évident au départ – devenu source d’une grande fierté! (c)SGP
Un peu d’astuces
« In fine, conclut Léa Gros, grâce à la débrouillardise des animateurs et animatrices, le budget est à l’équilible et les camps restent abordables« . Ceux-ci durent seulement quinze jours, mais les habitudes peuvent perdurer à la maison. Voici donc quelques pistes proposées par la fédération des Faucons Rouges et qui sont facilement transposables chez soi.
Alimentation:
- choisir des produits frais, de saison et locaux. Ce sont souvent des produits qui peuvent se passer d’emballage.
- Bien planifier les repas et les quantités afin d’éviter le gaspillage alimentaire.
- Utiliser les restes autant que possible, être créatifs.
- Essayer les menus veggie, les légumineuses sont excellentes pour la santé et cela évite les risques de viandes avariées.
Moins de déchets…
- Utiliser des sacs réutilisables.
- Acheter au maximum en vrac. Les produits secs par exemple (pâtes, riz, lentilles, céréales…) mais aussi les fruits, les légumes.
- Acquérir des boites hermétiques avec couvercles.
Un esprit « zéro déchet »
- Penser à la récup’ pour toutes les activités du camp (mobilier, matériel, bricolages…)
- Prendre contact avec le voisinage du camp (compost, poules auxquelles on peut donner les restes).
- Réaliser ses produits d’entretien.
- Partager les produits (shampoing, savon…) écologiques, cela va de soi !
Réduire son empreinte écologique, c’est aussi éviter le gaspillage et rationaliser les déplacements. Les fédérations de mouvements de jeunesse sont unanimes: pour trouver des produits locaux, frais et en vrac, la principale difficulté rencontrée est la multiplication des commerces où se rendre. Cela nécessite une bonne organisation au préalable mais d’autres solutions existent. Par exemple, deux jeunes maraîchers ont livré des légumes aux camps. Les scouts se sont épargné bien des trajets et des recherches et les maraîchers ont pu écouler le surplus de leur production. Tout le monde est donc gagnant, y compris l’environnement!
Nancy GOETHALS
(*) voir les articles sur le site Cathobel Des camps tendent vers le zéro déchet et « L’impact des camps zéro déchet » (Dimanche n°28)