Les enfants de 7 et 8 ans et leurs parents de cette paroisse du Brabant wallon ont été très étonnés, et ravis, de découvrir le récit de l’institution de l’Eucharistie, la passion du Christ, sa mort et sa résurrection… en Playmobils.
Playmobils, projection et décor
Eva et Vincent, les animateurs de cette « Vigile pascale » pas comme les autres, pour familles avec enfants, avaient mis les petits plats dans les grands… ou plutôt les Playmobils en scène. L’assemblée se trouvait d’abord devant l’écran de la maison paroissiale, puis autour de la table eucharistique dans l’église. Et ce, après être passée au milieu des rangées de l’église transformée en chemin de libération entre deux décors marins (avec poissons) et accéder à pied sec vers la terre promise, comme les Hébreux délivrés, grâce à Dieu, de l’esclavage imposé par les Egyptiens.
Tout cela semble un peu bizarre à qui n’a pas vécu cette superbe catéchèse-animation spirituelle-célébration. Mais le résultat, c’est que des enfants qui étaient venus avec des pieds de plomb ont demandé à leurs parents: « On pourra revenir la prochaine fois? »
Artifices médiatiques obligatoires?
Certains se demandent si la catéchèse, les cours de religion, les célébrations ou toute autre initiation chrétienne doivent nécessairement trouver des artifices médiatiques pour pouvoir encore « passer » auprès des enfants (comme d’ailleurs auprès des adolescents ou même de beaucoup d’adultes). Avec le corollaire que lorsqu’une communauté chrétienne ne présenterait pas ou plus la Bonne Nouvelle à l’aide de Playmobils, images vidéos, marionnettes, représentations théâtrales, bandes dessinées, jeux et techniques catéchétiques diverses… la Parole de Dieu et ce qui constitue la vie ecclésiale n’intéresserait plus guère.
Pédagogie pentecostale
Je propose une autre approche pour cette question, une manière plus profonde de l’aborder. C’est celle de la Pentecôte! « A Jérusalem vivaient des Juifs pieux, venus de tous les pays du monde (…) Ils étaient tous profondément surpris, car chacun d’eux entendait les croyants proclamer dans sa propre langue (…) les merveilles de Dieu. » (Ac 2,5-6 et 11).
Aujourd’hui, au XXIe siècle, que peut signifier l’expression « entendre proclamer dans sa langue les merveilles de Dieu »? N’est-ce pas rejoindre chacun là où il en est comme le ressuscité l’a pratiqué avec les disciples d’Emmaüs (Lc 24,13-32), pour que chacun ait la chance de pouvoir entendre et peut-être, dans sa liberté, accueillir la Bonne Nouvelle? Les langues privilégiées d’aujourd’hui, ce qui parle à chacun et donne sens, ne sont-elles pas le rap pour l’un, le langage cinématographique pour un autre, une représentation de marionnettes ou la participation à un jeu pour un autre enfant, la bande dessinée pour certains…? On est bien loin de considérer les Playmobils et autres animations avec décors comme des artifices médiatiques pour « faire passer la pilule ». On est dans une recherche de communication, de communion dans un même champ de communication, là où l’Esprit peut faire se rencontrer la recherche de sens d’une personne ou d’une communauté avec la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Lui-même, d’ailleurs, n’utilisait-il pas des paraboles, des objets (du blé, du pain, du vin, du parfum, de la boue…) et des attitudes corporelles pour révéler la tendresse, le pardon, l’amour de Dieu pour les enfants, les femmes et les hommes et proposer qu’ils « fassent eux aussi de même »? (Lc 10,37)