Une exposition magistrale rend hommage à la Vierge, chère au cœur des Hutois.
L’émerveillement saisit le visiteur devant ces œuvres réunies par une même foi. Elles ont résisté aux outrages des guerres et du temps, traversant les âges pour arriver devant nous.
Depuis 1663, les septennales réunissent les Hutois et donnent lieu à de nombreuses festivités populaires. C’est dans ce contexte qu’est né le projet d’une exposition dédiée à Marie à travers l’art mosan. Sobrement intitulée « MaryaM », le prénom de Marie en araméen, celle-ci prend place dans deux nouveaux espaces aménagés dans la collégiale. « Les expositions précédentes se déroulaient dans la nef avec le double inconvénient de l’encombrement partiel, alors que l’église est affectée quotidiennement au culte, et celui de la surveillance. Nous avons complètement dégagé le rez-de-chaussée de la tour, à l’arrière du jubé de marbre, et le dessus du jubé, qui bénéficie d’une vue exceptionnelle sur la nef et est éclairé par le rondia (la rosace) au moment des couchers de soleil. Ce qui nous servait de petite réserve a été convertie en salle vidéo, ce qui permettra à l’avenir aux personnes à mobilité réduite, qui ne peuvent pas descendre, de découvrir le Trésor par de petits films que nous allons faire réaliser. L’exposition a un lien évident avec la Vierge que l’on fête. Cette année, nous avons choisi d’ouvrir le partenariat à des collaborations nouvelles. C’est ainsi que nous avons pu emprunter un nombre important et des pièces majeures du Trésor de la collégiale d’Andenne », précise Marylène Laffineur, la conservatrice du Trésor et de la collégiale Notre-Dame et Saint-Domitien.
Un ancrage local, un rayonnement international
« Nous pouvons retracer l’iconographie mariale depuis le Moyen Age jusqu’à aujourd’hui avec des thèmes partagés et d’autres plus spécifiques au Val de Meuse, avec des dévotions particulières, comme le phénomène des sanctuaires à répit. La Verge y était invoquée par des parents qui apportaient leur enfant mort-né. Il en existait plusieurs dans la région hutoise. On connaît surtout celui de Moha. A Notre-Dame de la Sarte et à l’église Saint-Maur, on invoquait aussi la Vierge pour la résurrection de l’enfant, quelques minutes ou quelques heures, le temps du baptême. » Marylène Laffineur revient, pour nous, sur les spécificités de l’art mosan. « Les Vierges mosanes ont des caractéristiques particulières à chaque époque. A l’âge roman, comme celles d’autres contrées, elles sont assises, frontales, présentant l’enfant Dieu sur les genoux, représentées en tant que sedes sapientiae. Marie siège, c’est elle le trône de la sagesse, la sagesse étant l’enfant. Le thème se prolonge du XIe jusqu’au-delà du XVIe siècle. A partir de l’âge gothique, la Vierge se dresse, elle est debout et porte l’enfant sur le bras gauche ou droit, qu’elle présente aux fidèles. A la renaissance, elle se pare de vêtements magnifiques. A l’âge baroque, ce vêtement va s’animer par le souffle divin, avec de grandes envolées de draperies. Au XIXe siècle, on retournera à l’art médiéval en polychromant des sedes anciennes en néogothique ou en créant des œuvres dans le style du Moyen Age, de la renaissance ou baroque. » Les œuvres présentées ont été choisies de manière à proposer « un échantillonnage dans le temps, dans l’iconographie et dans les techniques ». Bois de tilleul, de frêne ou de tilleul, terre cuite vernissée, fils de soie, d’or et d’argent, étain, porcelaine, calcaire… tous les matériaux se retrouvent parmi ces multiples déclinaisons mariales. Dans le catalogue publié à l’occasion de l’exposition, Mgr Jean-Pierre Delville se réjouit: « Mille ans de représentations de Marie! Voilà ce que nous offre cette exposition. Des Marie les plus jeunes aux plus âgées, des plus élégantes aux plus négligées, des naïves aux éveillées; des reines aux servantes; des scènes de joie aux scènes de douleur. Marie, à l’époque baroque, esquisse même un pas de danse! Plus tard, elle sera couronnée et recevra des bijoux magnifiques et des vêtements fabuleux. Autant de scènes de la vie quotidienne, autant de costumes d’époque; autant de moments de joie ou de tristesse. » L’affiche présente une Vierge à la chevelure ébouriffée, une Vierge « sauvageonne », selon les mots de la conservatrice.
Angélique TASIAUX
« MaryaM. Marie dans l’art du Val de Meuse », une exposition à voir dans la collégiale Notre-Dame à Huy, jusqu’au 8 septembre. Tous les jours de 13h à 18h, excepté le lundi.