Ces dernières semaines, la Coupe du monde féminine de football a bénéficié d'un engouement particulier. Ce phénomène n'est pas étonnant, sachant que de plus en plus de jeunes femmes y consacrent leurs loisirs, pour le plaisir de pratiquer un sport collectif.
Pour sa huitième édition, la Coupe s'est déroulée sur le sol français, dans neuf stades sélectionnés à travers le pays. Passionnée par les aventures du ballon rond, Marie, une jeune trentenaire, témoigne de son attrait né dans la patrie des Droits de l'Homme. "J'ai commencé à jouer à la balle dans le jardin de mes parents sans forcément appliquer les règles réelles de foot. En fait, je m'y suis intéressé avec le scolafoot. C'était une opération lancée dans toutes les écoles primaires pour la coupe du monde de 1998, vu que la France était le pays hôte. Il s'agissait d'un ensemble de matchs organisés entre les écoles avec des travaux pratiques (cours d'histoire…). Cela m'a beaucoup plu. Bien sûr, j'étais fan des joueurs: Zizou, mais surtout Barthez. A cette époque (pas si lointaine), il n'était pas vraiment habituel de voir des filles jouer au foot, mais j'ai découvert que c'était une passion que je pouvais partager avec ma grand-mère, une fan de 90 ans! Ce sport nous a rapprochées, puisque je lui donnais tous les dimanches les résultats du championnat." A la question de savoir quelles différences épingler entre la pratique d'un sport version masculine ou féminine, Marie est formelle: "Sur la base, aucune, puisqu'il y a un ballon, deux fois 11 joueurs, des règles à appliquer, deux buts... Toutefois, Il y a une grande différence: l'argent et ses conséquences. Et puis, le filles sont souvent moins dans le spectacle (à se rouler par terre), moins dans la vitesse pure, mais elles déploient plus de technique". Quoi qu'il en soit, la jeune femme se réjouit de cet emballement généralisé, qui permet à ce sport d'être désormais "pratiqué par tous".
Une popularité loin d'être éphémère
En Belgique aussi, les retransmissions du mois de juin ont été largement suivies et les parts de marché n'ont cessé d'augmenter, engrangeant même de notables records d'audiences. Les instances dirigeantes se réjouissent bien entendu de l'intérêt suscité par le ballon rond, y voyant de fructueuses perspectives financières. Au-delà des écrans pointés sur les reines du stade, les formations féminines sont en pleine explosion, çà et là dans le Royaume. Voilà deux ans qu'Ysaline de Wilde s'adonne à cette activité sportive. "J'ai toujours bien aimé jouer au foot avec mes cousins à la plage", se souvient celle qui est désormais positionnée en défense des Golden Blacks. N'ayant jamais pratiqué de sport d'équipe, elle s'était lancée à la recherche d'une équipe accessible aux débutants, qui ne soit pas dans la ligue officielle ni associée à un club. A l'instar des autres équipes de la Belgian Babes Football League (BBFL), l'équipe loue un terrain dans un club, tandis que les joueuses sont directement assurées par cette même ligue. "La devise, c'est de jouer pour s'amuser. Nous nous retrouvons sur des terrains dans le Brabant wallon et à Bruxelles. Nous avons un seul entraînement par semaine et un match le jour de l'entraînement de l'équipe qui reçoit. C'est moins contraignant. Sur la vingtaine de membres d'une équipe, 18 sont sélectionnées et 11 se trouvent sur le terrain. L'avantage, c'est qu'on peut procéder à autant de changements qu'on veut pendant le match. Du coup, tout le monde joue." Et Ysaline de se souvenir de la saison précédente, lacunaire en termes de succès, mais grandiose du côté de l'ambiance! Mais pourquoi le choix de ce sport précisément? Dans une telle formule, débutants et confirmés se retrouvent ensemble sur le terrain; l'essentiel est de s'amuser. "C'est beaucoup de bonheur, il n'y a pas de pression mais plutôt des encouragements!" Preuve d'autodérision, les noms donnés aux équipes sont "loufoques et amusants". Et même en cas de terrain impraticable, les sportives se retrouvent et en profitent pour courir sous la pluie! Grande est assurément leur motivation! Pour l'heure, c'est la trêve, puisque les entraînements sont arrêtés de la fin du mois de mai jusqu'à la fin du mois d'août. La Coupe du monde a donc eu lieu au moment idéal!
Une cause internationale
A côté d'objectifs dédiés au sport, la BBLF a opté pour une activité philanthropique, en soutenant un projet philanthropique qui favorise l'émancipation féminine. "Akhand Jyoti" ambitionne de lutter contre le mariage forcé de jeunes filles mineures, dans une région d'Inde où les trois-quarts d'entre elles se trouvent déjà mariées à 16 ans. L'originalité du projet allie les entraînements sportifs de football (révolutionnaires dans un milieu rural) à une formation d'infirmières spécialisées en ophtalmologie. Concrètement, pour chaque cotisation perçue, la BBLF verse un montant de 5€ au projet indien, tandis que chaque but enregistré, lors du championnat entres les équipes membres, donne lieu à un versement de 2€. En outre, les équipes sont encouragées à réunir elles-mêmes des fonds. "Chaque équipe organise des collectes pour soutenir ce projet", nous confirme Ysaline.
Des attitudes professionnelles
Autre univers avec la BBF ou Best of Belgium Football, qui regroupe classiquement en son sein un pendant masculin avec les Diables Rouges ainsi qu'un pendant féminin composé des Red Flames. Valentine Abeels a joué durant trois ans au sein d'un club, membre de la ligue officielle. "J'aime le foot depuis hyper longtemps. Prendre part à un sport d'équipe me semble plus amusant que de jouer seule à un sport individuel. En plus, j'ai eu l'occasion de participer avec des amies à la création d'une équipe à Beauvechain. C'est un challenge de prouver que les filles sont aussi aptes à y jouer!" Le déroulement des matchs est rigoureusement orchestré, avec seulement trois changements admis en cours de partie et quatorze sélectionnées pour y prendre part. D'où l'intérêt d'être présente aux entraînements et de vouloir se perfectionner. "Quand nous sommes sélectionnées, l'entraîneur a besoin de nous. Nous sommes alors essentielles à l'équipe. Et le but est de gagner!" Valentine le reconnaît, jouer implique parfois de refuser d'autres activités. Pour être efficace sur le terrain, elle pointe "le fait de ne pas être énervée, un esprit d'équipe, la capacité de partager le ballon, l'endurance qui permet de tenir 90 minutes…" Etre dans une équipe implique un niveau de qualité et relève d'une forme d'engagement, avec deux entraînements par semaine (le second étant habituellement consacré à un aspect technique) et un match durant le week-end. Autour d'elle, Valentine observe que les réactions sont généralement "positivement surprises" lorsqu'elle annonce son hobby. Il y va d'une forme d'intérêt pour ce choix, voire de contagion puisque sa sœur aînée s'est également lancée dans ce défi sportif, en rejoignant un club nouvellement fondé dans la région. Allez, les filles!
Angélique TASIAUX