C’est l’été! Si votre curé hésite encore à partir en vacances, encouragez-le: cela lui fera du bien! Mais en son absence, n’oubliez pas votre paroisse. En juillet-août, il est possible que de nouvelles expériences s’y vivent…
« Sans vacances, je dépéris. » Le propos est vif et le regard lumineux. Eric Vollen a déjà les yeux tournés vers le Sud. Cet été, il partira. Comme toujours. « Les vacances, c’est essentiel », explique-t-il. « C’est l’occasion de m’arrêter vraiment. On ne peut être sans cesse disponible si l’on ne s’arrête pas convenablement. » Durant l’année, ce jésuite combine des engagements paroissiaux à l’unité pastorale du Kerkebeek (Bruxelles) avec l’organisation de projets pour les jeunes et de nombreux accompagnements. Une vie intense! En juillet-août, il prend le temps de s’arrêter. De faire ce qu’il ne fait pas durant l’année. Outre sa retraite spirituelle, il passe du temps avec des amis. Retrouve sa famille. Pérégrine avec quelques compagnons jésuites. Cet été, comme chaque année, il prendra (au moins) trois semaines de congé.
Le piège des fausses vacances
Le droit de l’Eglise est clair: chaque prêtre diocésain a droit à un mois de vacances. Il n’est toutefois obligé de le prendre ni en juillet-août ni en une fois. Il a aussi le devoir de prendre une semaine de retraite personnelle. Mais dans les faits, ces règles ne sont pas toujours respectées. Les raisons de ne pas débrayer (suffisamment) varient. Parmi les obstacles: une certaine paresse. On peut être un super prêcheur et un très mauvais organisateur! Partir, c’est préparer des valises, établir un itinéraire, réserver un gîte… Certains clercs n’osent pas affronter ces défis-là. Autre souci: la surcharge. S’en aller, c’est accepter de laisser des chantiers inachevés, de supprimer quelques activités, d’annuler divers rendez-vous… « Il y a des prêtres qui ne prennent pas de vacances car ils se croient indispensables », relève Eric Vollen. « Dieu ne nous demande pas cela! Il nous demande de nous arrêter pour entrer dans la gratuité. D’ailleurs, le septième jour, il s’est reposé… »
Il existe encore un piège: celui des fausses vacances. Prêcher une retraite, même dans un cadre paradisiaque, ce n’est pas des vacances. Pas davantage qu’accompagner des ados à Lourdes ou sur les routes de Saint Jacques. D’ici quelques semaines, de nombreux prêtres s’en iront encore dans les camps, rejoindre louveteaux, scouts et guides. S’ils en profiteront sans doute pour boire une bière au coin du feu, ils seront largement sollicités. Ils ne seront donc pas en vacances.
Quand les prêtres sont partis…
La hiérarchie ecclésiale est bien consciente de la nécessité, pour les prêtres, de couper. « Outre le repos physique, prendre des vacances permet de sortir des difficultés du quotidien, de prendre une juste distance par rapport à son ministère », souligne Olivier Fröhlich. Vicaire général à Tournai, celui-ci souligne que, dans son diocèse, les prêtres sont encouragés à prendre des vacances. Les autorités diocésaines n’interviennent toutefois pas directement dans la gestion des congés. Celle-ci s’établit plutôt au niveau des unités pastorales ou des doyennés. « Ce n’est que si un prêtre veut s’absenter plus d’un mois qu’il doit contacter son responsable diocésain », explique-t-il.
Reste que quand les prêtres ne sont pas là, la vie des clochers n’est plus tout à fait la même. « En fait, on vit au rythme de l’année scolaire », explique Olivier Fröhlich. Qui rappelle une évidence: si les prêtres sont en vacances, les fidèles le sont aussi! En juillet-août, aux quatre coins du Royaume, les paroisses tournent le plus souvent au ralenti. Bon nombre d’initiatives se trouvent ainsi suspendues: groupes de catéchèse, réunions des instances, répétitions-chorale… De nombreuses eucharisties sont également supprimées – en semaine, évidemment, mais aussi le week-end. Pour éviter de trop lourds inconvénients, les prêtres d’une même unité pastorale sont invités à coordonner leurs agendas. Dans les UP où les prêtres sont rares, il arrive aussi qu’un curé sollicite expressément un ami confrère pour qu’il vienne le remplacer.
Une messe dans une ferme
C’est qu’il ne faudrait pas oublier les fidèles qui demeurent au pays! « La vie de la foi ne s’arrête pas en été », souligne Rebecca Alsberge, adjointe de Mgr Hudsyn, au Vicariat du Brabant wallon. « Il faut aussi avoir le souci de ceux qui restent ou qui sont de retour. Dans nos paroisses, diverses initiatives originales se vivent en juillet-août: messe dans une ferme, partage d’un apéro ou d’un pique-nique après la célébration… Il faut dire aussi qu’en été, les gens ont plus de temps. »
Sans doute l’été peut-il favoriser certaines nouveautés. Si la messe de votre paroisse est annulée, peut-être irez-vous pousser la porte de l’église d’à côté. « Durant l’année, ce genre de déplacements est compliqué », reprend Rebecca Alsberge. « En revanche, en été, les paroissiens se déplacent plus facilement. Dans certains cas, cela peut faire naître des souhaits de collaborations nouvelles… » A Tournai, on va même plus loin. « Nous profitons parfois des vacances pour tester des regroupements paroissiaux, qui pourraient s’avérer durables« , indique Olivier Fröhlich. « Les gens se retrouvent alors autour d’une messe commune. L’été peut être propice à faire évoluer les mentalités. »
Vincent DELCORPS