« C’est une mission à la fois très importante et très délicate. » C’était le 12 juin. En exclusivité, le cardinal De Kesel s’exprimait dans Dimanche, pour y présenter « Je te prends par la main », la déclaration des évêques relative à l’accompagnement pastoral en fin de vie.
L’archevêque dénonçait certains excès de notre culture individualiste : « La solidarité profonde nous manque vis-à-vis de chaque être humain, surtout des plus démunis. » Sans ambiguïté, il condamnait aussi l’euthanasie : « donner la mort à quelqu’un n’est une solution ni adéquate ni juste. »
Si le document a été largement apprécié dans bien des aumôneries, l’un de ses passages a aussi provoqué quelque interrogation. Et a suscité la question suivante : comment – et jusqu’où – accompagner les personnes qui demandent l’euthanasie ? «L’aumônier continue à rester proche d’elle », écrivaient les évêques. « Même s’il n’approuve pas en conscience sa décision, il ne peut l’abandonner à son sort. » Mais concrètement, ça veut dire quoi ? L’aumônier doit-il demeurer aux côtés du patient au moment de l’injection ? En agissant ainsi, ne risque-t-il pas de donner l’impression qu’il cautionne l’acte ?
C’est dans les colonnes de La Libre que le cardinal De Kesel a tenu à lever toute ambiguïté. « Nous n’avons jamais voulu écrire que les aumôniers devaient assurer une proximité physique auprès des patients au moment de l’euthanasie », a précisé l’archevêque. « Une demande d’euthanasie n’est pas une raison pour abandonner une personne. (…) Par contre, ne pas être présent au moment même de l’acte de l’euthanasie est une question de bon sens. »
Cela allait sans doute de soi. Mais cela ira encore mieux maintenant que c’est dit.
Vincent Delcorps