CINEMA: Une femme d’influence


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CINEMA: Une femme d’influence
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

(c) Nick Wall

Red Joan raconte l’histoire vraie de Melita Nordwood. Cette citoyenne britannique était en fait un agent double travaillant pour le KGB. Mais en trahissant son pays, elle a assuré la paix.

Pendant la guerre froide, il n’y avait pas de demi-mesure. Si on n’était pas dans le camp des capitalistes, c’est qu’on était communiste, et inversement. Chacun était donc tenu de se plier aux exigences de son pays. Dans le cas de Joan Stanley, citoyenne britannique, il s’agissait de contribuer à la prospérité de l’Angleterre. Justement, cette brillante physicienne, étudiante à Cambridge, se voit offrir une chance de prouver son patriotisme lorsqu’elle est engagée par un groupe secret travaillant sur une arme destructrice: la bombe atomique. Ses collègues ignorent alors qu’à ce moment-là Joan fréquente des jeunes communistes, Sonya et Leo. La jeune femme passe donc de l’un à l’autre et s’en sort plutôt bien au début. Mais les horreurs de Nagasaki et Hiroshima vont changer la donne. Bouleversée par les images des pauvres victimes, dont elle est indirectement responsable, Joan accepte de communiquer des informations confidentielles à l’URSS. La jeune Anglaise devient ainsi une espionne et une traitresse permettant à l’ennemi d’accéder, lui aussi, à la bombe atomique. Personne, à cette époque, ne soupçonne l’implication de Joan. Ce n’est qu’à la fin de sa vie que l’espionne sera démasquée et questionnée sur ses actes impardonnables.

Une reconstitution au cordeau de la "guerre froide"

Adapté du roman éponyme de Jennie Rooney, lui-même basé sur le témoignage de Melita Nordwood, le film débute au moment où l’affaire éclate au grand jour. La vieille dame est questionnée par les enquêteurs et revient au fil de l’interrogatoire sur son passé de communiste. Elle raconte comment elle est tombée amoureuse de Leo, ce jeune homme fougueux membre du Komintern. Joan n’avait pas réellement de convictions, elle a suivi des amis, suivi son patriotisme, avant de voir les dégâts que pouvaient causer cette course à l’armement. Le plus intéressant dans cette reconstitution au cordeau de la guerre froide, c’est la façon dont elle explore les motivations de Joan. Car les raisons qui ont poussé la physicienne à trahir son pays sont plus complexes qu’une simple amourette. Face à l’horreur de la bombe atomique, Joan a effectivement pensé au moindre mal. Elle n’a donné ces informations capitales qu’en vue de rééquilibrer les forces. Dès le moment où le bloc de l’Ouest a compris que celui de l’Est possédait l’arme nucléaire, ils ne pouvaient plus en faire usage. Le risque de provoquer l’anéantissement du monde était trop grand. A travers le parcours de la jeune femme, Red Joan illustre ce qu’on nous apprend dans les livres d’Histoire. S’il pêche par son classicisme et un manque de suspense, ce film d’espionnage remet les conflits internationaux en perspective. Il met en avant la place des rapports humains dans les relations entre Etats. C’est également l’occasion de montrer le rôle méconnu des femmes dans le monde du renseignement. Considérées comme inoffensives, elles faisaient de bons agents doubles. Personne n’osait vraiment fouiller le sac de Joan, elle a donc pu faire sortir relativement facilement des documents confidentiels. Ce drame est donc intéressant pour ce qu’il nous apprend de l’Histoire, à défaut d’être réellement poignant.

Elise LENAERTS

Catégorie : Culture

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