“Question d’enfant” – “Pourquoi les prêtres ne peuvent pas ressusciter les morts ?”


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“Question d’enfant” – “Pourquoi les prêtres ne peuvent pas ressusciter les morts ?”
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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Un enfant de six ans a un jour posé cette question aux responsables de son éducation chrétienne. En réalité, sa question précise était double et se formulait plutôt en terme de constat: "Je ne comprends pas pourquoi les prêtres ne peuvent pas ressusciter les morts ou marcher sur l’eau."

Lorsque l’auteur de "Game of Thrones" avait six ans
Cet enfant est devenu par la suite l’un des écrivains américains contemporains les plus renommés, dont une des œuvres a conquis les jeunes et les adultes du monde entier. Il s’agit de Georges R.R. Martin, l’auteur du fameux "Game of thrones", un de ses romans, vendu à des millions d’exemplaires et adapté et diffusé depuis huit saisons en série télévisée (d’abord sur la chaîne HBO), avec le succès mondial que l’on connaît.
Si je reprends cette question de Georges R.R. Martin lorsqu’il était enfant, c’est moins en raison de sa notoriété et de son succès actuel que parce que sa question d’alors est celle de beaucoup d’enfants et de jeunes (de même que d’adultes) aujourd’hui. En outre, ce qui ajoute encore à l’intérêt de la question, c’est qu’on a pu suivre en vraie grandeur l’évolution spirituelle et religieuse de George R.R. Martin, âgé actuellement de 70 ans, dont il témoigne.
Revenons donc 64 ans plus tôt. Ecoutons le récit de son évolution spirituelle par le romancier lui-même. Il répondait aux questions de Julien Bisson, l’interviewer du VIF/L’Express qui était allé le rencontrer il y a quelques semaines à son domicile de Santa Fe (USA). Voici ses propos: "Je ne suis pas religieux, mais je comprends le pouvoir de la foi et son influence très grande sur l’histoire humaine jusqu’à nos jours. Une part de moi-même aimerait d’ailleurs ressentir cette foi. J’ai été élevé dans la religion catholique, mais je n’y ai jamais vraiment adhéré. Je ne saurais pas trop dire pourquoi, peut-être que dès l’enfance je me posais trop de questions. A six ans, je doutais de l’existence du père Noël. Je me disais bien que cette histoire de rennes volants n’avait aucun sens. Nous n’avions même pas de cheminée à la maison. Donc j’ai arrêté d’y croire. Et je pense que ça a été pareil avec ma foi catholique. Je ne comprenais pas pourquoi les prêtres ne pouvaient pas ressusciter les morts ou marcher sur l’eau. On me répondait que ces miracles appartenaient aux temps anciens, que le Christ allait revenir bientôt… Honnêtement, je trouvais cela très pratique pour eux! Si Dieu voulait vraiment que nous croyions tous dans le pape, alors, il le laisserait faire un miracle ou deux, et tout le monde se rangerait derrière la vraie foi!" (Le Vif/L’Express, Hors-série GOT, p. 19 et 20).

Initier valablement au langage biblique
Ce témoignage révèle plusieurs éléments très intéressants. Tout d’abord, les enfants se posent beaucoup de questions par rapport aux choses de la vie, à la foi et à la tradition religieuse dans lesquelles ils grandissent. Ensuite, il est important de noter que les réponses qui sont données aux petits vont généralement les marquer et les orienter pour l’ensemble de leur vie.
Enfin, son témoignage fait apparaître clairement que ses éducateurs n’ont pas pu lui donner une initiation biblique opportune. Il n’a pu bénéficier que d’une lecture fondamentaliste des récits. Alors, bien entendu, se posent à cet enfant (et à l’adulte qu’il est devenu) les questions suivantes: "Pourquoi, lors de funérailles, les prêtres ne ressuscitent-ils pas ceux qui sont morts? Et pourquoi ne parviennent-ils pas à marcher sur l’eau?" Cela voudrait dire que, soit la religion et les prêtres d’aujourd’hui sont sérieusement affadis soit les récits bibliques sont "du pipeau", comme la légende du père Noël. Une initiation au langage symbolique de la Bible n’aurait peut-être pas favorisé l’émergence de la foi de George R.R. Martin, mais elle aurait au moins permis à ce grand romancier d’avoir une connaissance juste et adulte de ce qui est commun à son art: les genres littéraires des Ecritures. Il termine d’ailleurs sa réflexion par une déclaration presqu’infantile lorsqu’il avance: "Il suffirait que le pape effectue un ou deux miracles pour que le monde entier ait la foi!" N’est-ce pas sidérant?

Luc Aerens

Catégorie : L'actu

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