Que de fois, au cours d’une vie, nous sommes invités à dire: « Je crois en Toi… »
Au Baptême, bien sûr: par adultes interposés. Au cours de la veillée pascale: quand l’eau neuve est bénite. Chaque dimanche enfin: après l’homélie.
Il y a une profession de foi toute spéciale pour les garçons et les filles quand ils quittent l’enfance pour se conduire eux-mêmes. Cette promesse-là me fait penser à celle que fit un jour Pierre. Saint Pierre. Lui aussi, après une longue catéchèse sur l’Eucharistie, alors que tous lâchaient Jésus (« Trop dur à avaler », disait-on), Pierre avait proclamé sa foi: « À qui irions-nous? »
C’est encore à propos de la messe, ce sommet de la vie chrétienne, que nous sommes invités à dire: « Je crois! ». Oui, autour d’une communion très solennelle, à douze ans, ou à la fête de mariage, ou sur son lit de mort (quand on en a la chance!), on redit: « Je n’ai que toi, Seigneur, je ne te lâcherai pas! »
Que d’occasions, ces jours-ci pour proclamer avec les enfants en aube blanche notre attachement à Dieu. Leur voix est si fragile. Ils ont besoin de notre appui pour que leur petit « Me voici, Seigneur » devienne un coup de tonnerre qui secouera le monde.
« Elle m’a prise par la main… »
Témoigner de notre attachement à Dieu comme cette maman qui, d’une voix douce et timide, avait pris la parole à l’occasion des premières communions. Son cœur devait battre très fort. Elle a dit comment elle avait vécu le même événement pour sa fille, il y a quelques années déjà: « Aujourd’hui, vos enfants prennent le chemin de Jésus. Ils vous entraînent avec eux. Une petite porte s’ouvre tout doucement dans ce monde où les vraies valeurs dorment souvent dans les coins. Comme vous, je me suis retrouvée ici un beau matin d’avril avec ma petite fille qui me traînait par la main. Et c’est grâce à la tendresse et à la chaleur de l’assemblée que ma foi a pu renaître. Et depuis lors, j’aime revenir ici. Oh, je n’en fais pas une habitude ou une obligation. Mais je viens rendre et partager la tendresse que Jésus m’a offerte ce jour-là. Non, je ne me crois pas meilleure que les autres. Mais j’ai dû m’arrêter et repenser ma vie. Il m’a fallu me battre contre l’égoïsme, contre l’étonnement de mes proches eux-mêmes. Mais tout cela s’imposait si fort à moi que j’ai tenu. Et chaque dimanche, la messe m’a fortifiée dans ce sens-là. Ce que je voulais dire se résume en un petit bout de phrase: « Aujourd’hui, j’ai plaisir à être parmi vous pour partager ce repas » « .
Ariane s’est tue, toute essoufflée. Elle avait vidé son cœur et nous en étions retournés.
De toutes les célébrations vécues en paroisse, des premières communions au Pain de Vie pour nos petits, des Promesses de Foi et des Confirmations des plus grands, beaucoup d’échos me sont revenus de ces fêtes.
Ce qui a frappé les assistants – qu’ils soient habitués à l’église ou non –, ce qui les a bouleversés, ce n’est pas la qualité des chants, même si les « chorales » se sont surpassées; ce n’est pas l’organisation, plus ou moins bonne, des événements; ce ne sont pas les belles paroles des célébrants; ce ne sont pas les superbes montages floraux; ce n’est pas la ferveur touchante des enfants… Bien sûr, tout cela y était pour quelque chose! Mais ce qui a touché, c’est ceci: la chaleur! Oui, la convivialité de nos rencontres, j’allais dire: leur familiarité! On y était si bien ensemble que, jamais, elles ne parurent longues. En quittant l’église, on avait envie d’embrasser tout le monde. Dans les applaudissements, il y avait une intensité qui ne trompe pas.
Étonnant? Mais pas du tout! Rien n’est plus divin que la tendresse. Rien n’est plus tendre que Dieu…
Quand nos messes de chaque dimanche seront au moins aussi chaleureuses que des noces de village, on trouvera des musiciens en foule pour créer l’ambiance, de nombreux artistes pour les embellir, des quantités de jeunes pour y prendre part. Il en surgira surtout de nouveaux prêtres pour les animer.
Quand le cœur va, tout va…