Le procès des tortionnaires et assassins du jeune Valentin a montré combien l’être humain peut être cruel pour son semblable. Le récit des tortures et sévices infligés à ce jeune adolescent handicapé léger a atteint l’innommable. Tous ceux qui ont assisté, à huit clos, à la projection des images filmées par les bourreaux durant leurs actes ont été bouleversés, et le mot est faible. On ne ressort pas indemne d’un tel procès. Il peut engendrer une légitime colère. On ne peut dès lors que saluer le courage de la famille de Valentin, qui malgré tout, appelle au calme et à la raison.
La question qui nous hante est: pourquoi? Pourquoi des jeunes en sont-ils arrivés à devenir des tueurs froids, sans pitié et qu’une fois enfermés dans la spirale infernale, aucun d’entre eux n’est intervenu pour mettre fin au calvaire du jeune homme. « Laissez-moi vivre, s’il vous plaît »: pas même les cris de Valentin, jeté attaché dans la Meuse, n’ont eu d’écho.
Les différents experts psychiatres et psychologues chargés d’évaluer les personnalités des accusés sont arrivés à la conclusion que deux des cinq accusés sont considérés comme de dangereux psychopathes et présentent peu de capacité de prise en charge. Irrécupérables donc? La réponse d’un des experts est glaçante: « L’humaniste va vous dire que je suis contre la peine de mort. Le scientifique que je suis va vous dire qu’il y a peu d’espoir de changement. » Un propos très légèrement nuancé par son confrère pour qui, « il ne s’agit pas de dire que ce ne sera pas possible, mais les tests ont montré qu’il y a peu d’espoir de changement ». Peu d’espoir, mais une infime petite flamme qui fait que cette espérance ne doit pas être occultée. L’Homme est à l’image de Dieu, nous dit le livre de la Genèse, c’est-à-dire que sur le plan moral, il a été créé parfaitement juste et innocent, reflétant ainsi la sainteté de Dieu. Chaque fois que quelqu’un renonce au mal ou se sent coupable, il confirme le fait que nous sommes créés à l’image de Dieu.
Alors, même si la possibilité de changement des deux « meneurs » est insignifiante, voire considérée comme vaine, il faut saisir l’opportunité. Ce sera rendre véritablement justice à Valentin. Et pour que cela ne se reproduise plus, mettons tout en œuvre dans nos écoles, nos quartiers, nos institutions judiciaires ou autres, pour que des jeunes en marge de la société puissent y retrouver une place. Qu’ils trouvent sur leur route des témoins d’espérance.
Jean-Jacques DURRÉ