Ils sont gays et jouent au water-polo. Les crevettes pailletées raconte leurs tribulations. Kitch et drôle, ce film est aussi une ode à la bienveillance et à l’esprit d’équipe dans sa quintessence.
Fin de l’année dernière, les nageurs du Grand bain coachés par Gilles Lellouche faisaient rire des salles entières. Cette équipe masculine de natation synchronisée dressait un portrait touchant de l’amitié, en soulignant le soutien que peut apporter le sport amateur. Avec Les crevettes pailletées, on reste dans le domaine de la piscine et des sports d’équipe, mais on plonge dans le milieu du water-polo. Soit l’histoire de Matthias Le Goff, vice-champion du monde de natation, obligé, après avoir tenu des propos homophobes, de devenir l’entraîneur d’une équipe de water-polo gay. S’il ne remplit pas sa mission, il sera tout simplement interdit de concourir. Le premier contact ne va pas arranger les choses. Car Matthias découvre avec stupeur une bande de rigolos qui ne pensent qu’à s’amuser. De leur côté, les nageurs voient en leur nouvel entraîneur le prototype de l’hétéro homophobe, à bannir de toute urgence. Hélas pour les deux parties, il va falloir mettre les rancœurs de côté et collaborer. Car les Gay Games, le tournoi le plus important de l’année, approche à grands pas.
Ce road-movie respire l’authenticité. Et pour cause, il est inspiré par l’expérience de Cédric Le Gallo, co-réalisateur. Depuis 2012, le Français enchaîne les tournois de water-polo aux côtés des Shiny Shrimps, rebaptisés Les crevettes pailletées dans le film. Les moments passés avec ces nageurs homosexuels ont fait comprendre au réalisateur l’importance du groupe et de l’entraide. Ce sentiment transparaît dans Les crevettes pailletées, une comédie décomplexée qui s’intéresse aux relations des différents membres de l’équipe, en route pour les Gay Games. Entre Priscilla folle du désert et Pride, les deux réalisateurs mettent ainsi l’accent sur l’affirmation de soi, une chose encore difficile pour certains, victimes des préjugés, voire de la haine des autres.
Humour en maillot
Si le sujet peut paraître grave, le ton, lui, reste agréablement léger et détendu. Leur film est avant tout une comédie, porteuse d’un message, certes, mais avec la volonté clairement affichée de faire rire. Même si l’envie de gagner est là, le plus important pour ces nageurs reste d’être ensemble en plaisantant sur les petits travers de chacun. La compétition, c’est une chose, mais ça ne doit pas les empêcher de faire la fête. Un peu trop, parfois… On le sent, les réalisateurs ont de l’empathie pour leurs personnages. Cette affection permet d’ailleurs de faire passer des blagues sur l’homosexualité, sans avoir l’impression qu’ils se moquent.
En s’intéressant au parcours de chacun, Les crevettes pailletées traite avec émotion de l’épanouissement personnel. Tous tirent des leçons positives de cette aventure, y compris Matthias. Egocentrique, il apprend dans ce groupe à s’ouvrir aux autres et plus spécifiquement à sa fille, qu’il ne voit qu’épisodiquement, quand il ne s’entraîne pas. On peut donc parler de comédie humaine, qui s’adresse à n’importe quelle personne ayant envie de rire avec d’attachants personnages.
Elise LENAERTS