Comme son nom l’indique, L’incroyable histoire du facteur Cheval raconte la vie de ce facteur du sud-est de la France, pionnier de l’art brut et passé à la postérité pour son formidable Palais Idéal.
Fin du XIXe, Joseph Ferdinand Cheval, facteur dans le sud de la France, se met en tête de construire un palais. Il n’a aucune formation en maçonnerie, encore moins en architecture mais il est poussé par une force intérieure qui lui dit que c’est la bonne chose à faire. Son emplacement choisi, Joseph Ferdinand se met donc au travail. Il n’a pas de plan précis mais s’épanouit en plaçant chaque pierre l’une après l’autre. En parallèle, il continue à effectuer ses tournées qui lui permettent de trouver les matières premières nécessaires à son œuvre. A lui seul, il lui faudra trentre-trois ans pour construire un palais qu’on visite encore aujourd’hui. Le parcours de cet atypique personnage est raconté par Nils Tavernier, Jacques Gamblin et Laetitia Casta.
On découvre, dans L’incroyable histoire du facteur Cheval, un homme taciturne, pratiquement qualifié de fou par les habitants d’Hauterives, le petit village où il vit. Cela étant, Cheval est un très bon facteur qui affectionne la solitude que lui procurent ses tournées sur les chemins vallonnés de la Drôme. C’est là qu’il fait la rencontre de Philomène, une jeune veuve vivant en retrait. De leur amour naîtra une fille, Alice, à laquelle Joseph Ferdinand dédie son formidable palais. Pour une raison qu’on ignore, rien ne peut le décourager de son objectif, même les quolibets des gens du village qui le prennent d’autant plus pour un hurluberlu. C’est donc autant la personnalité de son auteur qui interpelle que l’aspect esthétique de l’édifice en lui-même. Rien d’étonnant à ce que ce palais attire encore aujourd’hui des milliers de visiteurs curieux de découvrir le premier exemple d’art brut en France.
Un homme atypique aux sentiments universels
De l’histoire de cet homme simple et difficile à cerner, on retient également son profond désir d’accomplissement. Un sentiment partagé par tous les êtres humains. C’est ce qui rend le film de Nils Tavernier touchant. Le réalisateur a fait un excellent choix en confiant ce personnage introverti à Jacques Gamblin. Ce dernier ne connaissait rien de Cheval, mais il s’est plongé corps et âme dans le rôle. A l’image de la persévérance du facteur, il a pris le temps de s’imprégner du personnage. L’incroyable histoire du facteur Cheval est donc un film lent, qui contraste avec les formes de narration auxquelles les séries nous ont habitués. On peut lui reprocher un côté vieillot ou dépassé, mais qui est compensé par l’affection qu’il porte à ses personnages. Il rend également hommage à une époque où la vie était rude, où les gens n’avaient pas toujours de quoi manger, mais affrontaient avec courage les maladies et les catastrophes naturelles. En cela, il parle également de transmission et d’amour. Le palais de ce sacré bonhomme témoigne enfin de la force, de la créativité et de l’intelligence dont peuvent faire preuve les Hommes quand ils ont un rêve à réaliser. Car il fallait du génie pour élever des tours de douze mètres de haut, sans connaissance du métier.
Elise LENAERTS