Débutée en 2015, la restauration de l’église Sainte-Suzanne à Schaerbeek est terminée. Pour célébrer l’événement, quoi de mieux qu’une messe télévisée? Ce sera le cas ce 7 avril.
Chef-d’œuvre de l’architecture religieuse dû à Jean Combaz, l’imposante église Sainte-Suzanne, à Schaerbeek, date de 1926-1928. Ce bâtiment emblématique de la région bruxelloise, résolument avant-gardiste, est inspiré par le style art déco et entièrement coulé en béton armé. Ce vaste espace, sans colonne, baigné par un patchwork de lumière, invite le visiteur au recueillement et à la prière.
Véritable mémorial imaginé par la femme du général Maes, disparu au début de la Grande guerre, pour sa fille Suzanne, décédée à l’âge de 20 ans, ce projet a suscité de vives controverses dès sa conception. Activement impliquée dans celle-ci, la mère de la jeune fille avait en effet décidé de ne pas réserver l’édifice au culte mais d’y prévoir des locaux destinés à des activités diverses et qui seraient concentrés dans le sous-sol. Malgré le tollé soulevé par cette initiative, elle ira pourtant jusqu’au bout de ses idées.
Aujourd’hui, l’esprit d’accueil et d’hospitalité souhaité dès le départ par Louise Thiéry, la mère de Suzanne, est toujours bien présent. Ainsi, chaque soir, une quinzaine de migrants sont accueillis au sein même de l’église. Dans un petit local, des matelas sont étendus un peu partout. Il n’y a pas de douches, mais les toilettes et les éviers ont été adaptés pour permettre à chacun de se laver correctement.
Aide aux migrants
De l’accueil, et de la solidarité, il en est encore question dans les locaux sous l’église qui se transforment chaque vendredi en véritable cuisine. L’ASBL Hope4ever est aux fourneaux. Aidée par des paroissiens ou encore des élèves des écoles avoisinantes, Jamila, sa fondatrice, assure chaque semaine près de sept-cents repas à distribuer au Parc Maximilien. Amis, voisins et commerçants fournissent les ingrédients qui varient chaque semaine. Dans cette cuisine solidaire, les barrières des cultures et des religions ont été abolies pour laisser place au désir de travailler ensemble, d’aider ensemble. Une fois le repas préparé, il est mis dans des barquettes à leur tour acheminées, avec des fruits et des bouteilles d’eau, au parc Maximilien. Et ce, grâce à la camionnette de Luc qui contient aussi quelques réserves de couvertures et de vêtements. Ce sera pour les migrants sans doute le seul repas de la journée.
Pour sœur Anne Peyremorte, qui coordonne la vie de l’Unité pastorale (UP) du Kerkebeek, l’accueil est essentiel. « Si nous ne savons plus accueillir, nous perdons le sel de l’Evangile. Si on regarde Jésus qui marche dans l’Evangile, il est toujours en train d’accueillir ceux qui viennent à lui. C’est l’accueil des migrants, mais aussi l’accueil de tous. Chacun doit se sentir à la maison, lors de nos célébrations dans notre église. »
Si ces initiatives répondent à des préoccupations très actuelles, cela n’empêche pas sœur Anne de mener avec les prêtres et les paroissiens une véritable réflexion sur l’Eglise qu’ils souhaitent pour demain. Une réflexion qui porte notamment sur les célébrations. Au sein de l’UP du Kerkebeek, on les veut festives, inventives, ferventes et aussi joyeuses que les bonnes nouvelles qu’elles annoncent. C’est donc dans cet esprit que la messe télévisée sera placée en ce début du mois d’avril, en permettant aux téléspectateurs belges et français de rejoindre, le temps d’une petite heure, la communauté de l’église Sainte-Suzanne.
C.O.
Dimanche 7 avril à 10h45 sur La Deux, et dans « Le jour du Seigneur » sur France 2. Prédicateur: Frère Didier Croonenberghs, dominicain.