Pourquoi aller à la messe? Année après année on y répète inlassablement la même histoire. "Frères […]", "en ce temps-là, Jésus […]" ; n’est-ce pas que vous connaissez la suite (presque) par cœur? Eh bien moi aussi! Alors si on le laissait de côté, "ce temps-là", si lointain en plus? En ces termes j’ai essayé de convaincre mes parents; ce fût sans succès, la participation à l’eucharistie dominicale n’est jamais devenue une option.
De l’obligation qu’elle était d’abord, elle s’est néanmoins transformée par la suite en un rendez-vous précieux. Non pas parce qu’en grandissant j’aurais finalement saisi la sagesse de l’autorité parentale, mais parce que c’est en communiant (un de ces fameux dimanche matins) que j’ai été saisie pour la première fois par la présence de Dieu. "Mon Seigneur et mon Dieu". Voilà que les mots appris pour recevoir l’hostie m’étaient donnés à confesser du fond du cœur. Je venais d’être mise en chemin. De Jésus-"en ce temps-là" à Jésus-Emmanuel. De la croyance en Dieu comme premier principe créateur à la foi vivante. Depuis ce jour-là, le désir d’aller à la messe a grandi, au point de m’y attirer même en semaine.
Grâce à la présence mystérieuse de Jésus dans l’hostie consacrée il m’est donné de voir et de sentir la réalité invisible, Dieu qui s’offre amoureusement à nous! En lui tout est venu à l’existence, tout a été fait (Jean 1, 3), et pourtant le voilà maintenant confié entre nos mains. Touchée par la douceur et l’humilité avec laquelle Il manifeste son désir de demeurer avec nous et en nous, j’accueille ce grand don et m’efforce d’y être, pour ce temps au moins, pleinement présente.
Œuvre de résurrection
Mon Seigneur et mon Dieu, merci pour la tendresse avec laquelle tu te fais présent à mon intimité. Je te bénis pour la communion à laquelle tu nous appelles, pour cette Vie que tu nous partages. Si c’était un de ces jours où la mer intérieure moutonnait dangereusement me voilà désormais pacifiée, profondément réconciliée avec moi-même.
C’est en communiant que j’ai été saisie pour la première fois par la présence de Dieu
Je crois en effet que venir à la messe c’est aussi être gagné par une œuvre de résurrection, être nourri dans son espérance d’une vie transfigurée. Puiser l’Esprit de sainteté à sa source, dans le cœur de Jésus, voilà ce que laisse pressentir une des prières qui précède la consécration: "Quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ". A travers l’unité implorée par la prière de former un seul corps je devine également le soin que Dieu a pour chacun de nous, merveille irremplaçable à laquelle il s’identifie comme membre de son propre corps.
La coupe que le prêtre élève appelle alors ma présence comme une intercession et j’ajoute à toutes les prières prononcées les intentions qui me sont confiées. En fait, participer à l’eucharistie c’est contribuer à sauver le monde (les super-héros n’ont qu’à bien se tenir)! Telle est en tout cas la réponse que nous faisons au prêtre qui nous invite à prier ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise: "pour la gloire de Dieu et le salut du monde". Pourquoi aller à la messe? Pour la grandeur du Dieu Vivant comme pour celle de l’homme, parce que "la gloire de Dieu c’est l’homme debout" (saint Irénée).
Gabrielle SEVRIN, étudiante
