Cinéma – Allo papa gâteau


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Cinéma – Allo papa gâteau
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Dans C’est ça l’amour, un père gère en même temps son chagrin d’amour et ses deux ados. Un film qui respire l’authenticité.

Quand on parle d’amour, on a souvent en tête une romance entre deux personnes. Pourtant, ce sentiment peut prendre de multiples formes. C’est ce que montre C’est ça l’amour de Claire Burger. Dans son nouveau film, la réalisatrice française dépeint le quotidien d’une famille en crise. A force d’être trop nonchalant, Mario a fait fuir sa femme. Désormais seul avec ses deux filles de quatorze et dix-sept ans, Mario doit composer avec son cœur brisé et les états d’âme de ses ados. Pas facile pour lui de gérer sa fille cadette qui le tient pour responsable du départ de sa maman. Quant à l’aînée, elle s’apprête à quitter le nid elle aussi, pour vivre sa vie d’adulte avec son petit copain. Au milieu, Mario s’efforce de garder la tête hors de l’eau, en participant à une pièce dans le théâtre où travaille sa femme.

L’homme blessé
Bouli Lanners est très juste dans le rôle de ce père dépassé par les événements. Le personnage de Mario permet au Belge de dévoiler une autre facette de la masculinité. Ici, c’est la maman qui est partie et le papa qui tente de se reconstruire, affichant sans honte ses fragilités. Claire Burger pose un regard neutre sur la situation, ne jugeant ni les motivations de la femme ni les faiblesses de l’homme. Elle montre que les hommes ont le droit de pleurer, d’exprimer leurs émotions. Comme les femmes peuvent avoir besoin d’air, sans pour autant être accusées d’être de mauvaises mères. Rien que pour cette ouverture d’esprit, son film mérite qu’on s’y attarde.
A travers ces personnages, c’est évidemment d’amour que la réalisatrice veut parler. Elle montre la force des liens qui unissent cette famille en crise. Malgré les épreuves qu’ils traversent, la complicité est toujours là. C’est ça l’amour n’est donc pas un drame social déprimant. Les personnages ne sont pas au mieux de leur forme mais on ne s’apitoie pas sur leur sort. Chacun vit de son côté une histoire d’amour. Celle de Mario se termine, celles de ses filles débutent mais chaque étape façonne les caractères. En parallèle, Claire Burger parle évidemment d’amour paternel. Car Mario ne sait plus comment parler à ses filles, malgré toute l’affection qu’il leur porte.
La réalisatrice s’est fortement inspirée de sa propre expérience pour raconter cette histoire. Quand elle était enfant, le père de Claire s’est lui aussi retrouvé seul à la maison. Le film respire donc l’authenticité. L’équipe est d’ailleurs allée tourner à Forbach, là où a grandi la réalisatrice. Même si on voit peu la ville, le climat social fait partie intégrante du film. Les personnages s’ancrent donc dans une réalité qui leur donne une épaisseur et une consistance. On est inévitablement touchés par ce qui leur arrive, même si on entend parler de ce genre d’histoire tous les jours, chez le boulanger ou aux dîners de famille. C’est ça l’amour, il se promène partout où du lien se crée, y compris dans la cacophonie. Et c’est beau, tout simplement.

Elise LENAERTS

Catégorie : Culture

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