Cinéma – Une mécanique implacable


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Cinéma – Une mécanique implacable
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Premier film d’Antonin Baudry, Le chant du loup est une immersion haletante au coeur d’une bavure militaire.

Quand on parle de film de sous-marin, on ne pense pas forcément aux Français. Nos voisins ont pris l’habitude de se concentrer sur les comédies, les drames grand public ou d’auteur, les reconstitutions parfois, mais rarement sur les films de guerre, la science-fiction ou l’action. Pour son premier film, Antonin Baudry a donc placé la barre très haut. Ceux qui connaissent le monde de la bande dessinée auront reconnu le nom du scénariste de Quai d’Orsay. Dans cette série, Antonin Baudry croquait le microcosme des affaires étrangères françaises en s’inspirant de son expérience de diplomate sous Dominique de Villepin. Le scénariste a ensuite adapté sa propre histoire pour le cinéma, mais en laissant à Bertrand Tavernier le boulot de metteur en scène. Six ans plus tard, le voici donc qui franchit le cap avec Le chant du loup, une ambitieuse histoire à milles lieues sous les mers.
Le réalisateur nous plonge directement dans le vif du sujet, à bord du sous-marin lanceur d’engin du commandant Grandchamp (Reda Kateb). Alors que l’appareil est en mission pour récupérer des plongeurs en zone de guerre, l’équipage voit apparaître un engin non identifié sur les écrans radar. Tout le monde se tait. Car le seul moyen de savoir s’ils ont affaire à un ennemi ou à un simple cachalot repose sur les "pavillons en or" de Chanteraide. Casque vissé sur la tête, le jeune homme tend l’oreille... Ce qu’il entend ne correspond à aucun sous-marin répertorié. Il faut agir. Dans le doute, le commandant ordonne de refaire surface pour tirer sur l’hélicoptère survolant leur zone.

Les failles de la droiture
A partir de cet incident, Antonin Baudry nous emmène au cœur d’une escalade diplomatique. Il ne situe pas son histoire précisément dans le temps. On comprend que nous sommes dans un futur proche, dans une période de tension européenne, instiguée par la Russie. La France se croit attaquée, enclenche une procédure de dissuasion, qui finit par mal tourner.
Très bien renseigné, le réalisateur nous immerge donc avec ses acteurs dans l’engrenage des procédures militaires. Nul besoin d’être un spécialiste ou de s’intéresser à ces matières car son récit est passionnant, mais aussi effrayant de réalisme. Alors que les films français manquent parfois de crédibilité quand il s’agit de reconstituer des décors autres que des bureaux ou des appartements, Le chant du loup tient le cap du début à la fin. Sans temps mort, alternant entre enquête, discussions militaires et processus décisionnels, il imagine ce qui pourrait arriver à n’importe quel moment dans le monde actuel. Clairement, ça fait froid dans le dos.
Servi par un impressionnant casting (Reda Kateb, Omar Sy, Mathieu Kassovitz et le très prometteur François Civil), ce film d’anticipation a tout des meilleurs récits de politique-fiction. Malgré le côté implacable de la machine, il n’oublie pas l’humanité de son équipage. Chaque homme a sa personnalité, des qualités et des défauts. Même esquissés, ils contribuent à faire de cette bavure militaire un drame humain autant que mondial. Pour un réalisateur novice, ce n’est pas un coup dans l’eau!

Elise LENAERTS

Catégorie : Culture

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