Avec La Mule, Clint Eastwood revient derrière mais aussi devant la caméra. A 88 ans, il est toujours aussi en forme!
Clint Eastwood a, ce qu’on appelle, une carrière bien remplie. Comme acteur et comme réalisateur, l’Américain comptabilise, en effet, 85 films. A la grosse louche, ça lui fait donc plus d’un film par an. Parfois avec grand succès, parfois de façon moins inspirée, il a donc eu le temps de se frotter à pratiquement tous les genres. Le western, bien sûr, sous la direction de l’inoubliable Sergio Leone. Les films policiers, dans la peau du célèbre inspecteur Harry, mais aussi les films de guerre ou les drames intimes. C’est dans ce registre-là qu’il est allé piocher pour son dernier-né, La Mule. Alors qu’il n’était plus apparu à l’écran depuis plusieurs années, se contentant de réaliser, l’ancien cow-boy s’est à nouveau octroyé le rôle principal. Celui d’Earl Stone, un vieil horticulteur dont la fin de vie va prendre une tournure pour le moins étonnante.
A plus de 80 ans, Earl est complètement fauché et la banque menace de saisir sa ferme. De plus, comme il a négligé sa famille toute sa vie, il se retrouve seul avec ses regrets. Il veut néanmoins se racheter en payant une partie du mariage de sa petite-fille. Vu l’état de ses comptes, ça risque d’être compromis. C’est alors qu’une solution rapide mais totalement folle se présente à lui. Le vieillard accepte de servir de transporteur de drogue pour un cartel mexicain. Tout ce qu’il a à faire, c’est conduire jusqu’à un point désigné, abandonner sa voiture quelques heures, pour la récupérer vide de drogue mais pleine de billets. C’est dangereux, illégal, mais Earl ne se laisse pas impressionner par ces caïds. Comme vétéran de guerre, il en a vu d’autres.
Promenade de santé
Ce nouveau film est en fait inspiré de l’histoire de Leo Sharp, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, devenu célèbre dans les années 80, pour avoir servi de transporteur de drogue pour le Cartel de Sinaloa. Clint Eastwood a collaboré pour la seconde fois avec le scénariste Nick Schenk, l’homme à qui l’on doit Gran Torino, pour nous raconter cette incroyable et émouvante histoire. On remarque d’ailleurs quelques similitudes entre les deux films. Après s’être laissé aller à un patriotisme frisant le ridicule dans American Sniper et Le 15h17 pour Paris, le réalisateur américain revient à un cinéma plus apaisé et nettement plus touchant. Car l’aventure de ce vieux monsieur n’est pas qu’une affaire de mule qui transporte de la drogue au nez et à la barbe des enquêteurs. C’est également l’histoire de rédemption d’un homme qui est passé à côté des choses essentielles de la vie. Hormis quelques passages plus tendus, le film se déroule calmement, suivant le rythme des trajets d’Earl. Car l’horticulteur ne se presse pas, s’arrête pour rendre visite à un ami ou pour manger le meilleur sandwich au porc de la région, au grand désarroi des hommes de main chargés de le surveiller. La mule est donc aussi teintée d’humour et même d’une forme de douceur. Sans être le meilleur film de Clint Eastwood, il redore son blason terni par son catastrophique 15h17 pour Paris. La preuve qu’il ne faut jamais perdre espoir!
Elise LENaerts