A un peu plus de 15 heures, ce 4 décembre, l'information se répandait comme une rumeur : Charles Michel se rendait devant le roi Philippe pour présenter la démission de son gouvernement.
Depuis plusieurs jours déjà, la tension était palpable dans le cénacle politique, chacun s'arquant sur ses positions, la NVA défendant une vision intransigeante de l'accueil des réfugiés, tandis que les partis de la majorité entendaient ratifier le pacte sur les Migrations défendu par les Nations Unies. Ce même 4 décembre, une campagne du parti nationaliste était lancée sur les réseaux sociaux, alors que le débat parlementaire était engagé autour du pacte migratoire. Avec des images fortes et les slogans suivants : "VN-migratiepact = toegang tot sociale recht, ook voor illegalen" (accès au droit social, y compris pour les illégaux) , "VN-migratiepact = focus op behoud eigen cultuur van de migrant" (focus sur le maintien de la culture du migrant), "illegaal verblijf niet langer strafbaar" (le séjour illégal n'est plus punissable)... Des propos sans équivoque, basés, une fois de plus, sur la peur. Quand bien même la ficelle est grosse comme un chêne centenaire, elle permet de ratisser large, très large dans les rangs nationalistes et populistes, friands d'un bouc émissaire étranger. Aussitôt décriée en Flandre où le journal "De Morgen" qualifiait la campagne de "degoutante" (sic), tandis que d'autres comme Kris Peeters (CD&V) y voyaient une manoeuvre "scandaleuse" ou "indécente" pour Patrick Dewael (VLD). Aucune décence ne retient les nationalistes, emportés par une rage frénétique. Et de conclure la saga en soulignant la regrettable incompréhension de leurs messages, après avoir retiré leurs affiches.
Après le report de la concertation ministérielle réduite du Kern en cours d'après-midi, les négociations se poursuivent encore à l'heure où nous bouclons cet article.
Loin d'être anodine, la ratification du pacte onusien sur les migrations engage l'honneur du Premier ministre, contraint de jouer son va-tout politique. L'ultimatum de la signature programmée à Marrakech ne laisse pas d'échappatoire aux politiciens belges souvent enclins à d'âpres et d'interminables négociations. En effet, la date-butoir du 11 décembre empêche toute possibilité de report ou d'ultimes tergiversations.
Sur le site du parti nationaliste, on peut lire, dans une impeccable traduction en français : "La N-VA est un jeune parti qui fait écho à un nationalisme flamand moderne, démocratique et tourné vers l’avenir. La N-VA défend les intérêts politiques, sociaux, économiques et culturels de 6,5 millions de Flamands à travers une politique de qualité, des initiatives parlementaires, des dossiers solides, des actions médiatiques et des campagnes politiques". Toujours sur le même site, en cette période d'Avent, se trouve aussi une invitation à adresser une carte de vœux aux Catalans "emprisonnés en raison de leurs convictions politiques. Ces sept hommes et deux femmes passent leur vie derrière les barreaux pour avoir défendu l’indépendance de la Catalogne. Pour la N-VA, cette situation est indigne de l’État de droit en Europe".
La Belgique de Papa n'est plus. Il est loin le temps du compromis…
Angélique TASIAUX