Du 22 au 24 octobre, le roi Philippe et la reine Mathilde sont attendus au Portugal, en compagnie du Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, et des Ministres-Présidents des Communautés et Régions.
Au nombre des participants à la délégation belge, figurent plus de 170 personnes, avec des représentants des milieux politiques, industriels, académiques et culturels.
Ces dernières décennies, le roi Baudouin s'est rendu en visite officielle dans la nation portugaise en 1984, le roi Albert II en 1999, tandis que plusieurs missions économiques ont également été effectuées au Portugal par les princes Albert et Philippe. Les souverains actuels y ont séjourné, pour leur part, lors de visites privées.
La coopération entre la Belgique et le Portugal peut être qualifiée de multidimensionnelle. En effet, les liens privilégiés qui unissent les deux nations démocratiques sont nombreux, à la fois historiques, politiques, commerciaux, académiques, artistiques et culturels. Comme le précise Jean-François Delahaut, directeur en charge de l'Europe occidentale et l'Europe centrale au Service public fédéral des Affaires étrangères, "les liens historiques entre la Belgique et le Portugal remontent au Moyen Age, et sont dès ce moment marqués par l’essor de la navigation marchande et du commerce au long cours. Des alliances dynastiques se nouent très tôt, dès 1184 avec le mariage du comte de Flandre, Philippe Ier, dit Philippe d’Alsace, avec Mathilde, fille du premier roi du Portugal, Alphonse Ier (Afonso Henriques). Plus tard, Philippe le Bon, le Grand-Duc d’Occident (1396-1467), unificateur de nos provinces sous la bannière bourguignonne, épouse Isabelle de Portugal (1397-1471), sœur du grand roi Henri le Navigateur, et mère de Charles le Téméraire. Avec ce qu’on a appelé l’Age des Grandes Découvertes, le développement de Bruges puis d’Anvers comme villes-mondes, les relations s‘intensifient avec Lisbonne, port sur l’Atlantique et place marchande en plein boom. Des familles d’armateurs, de marchands et de banquiers s’installent dans ces deux pôles du commerce au long cours que deviennent Anvers et Lisbonne. (…) A l’heure de la Révolution industrielle au XIXe siècle, nombre d’entreprises belges contribueront au développement économique du Portugal et à celui de ses infrastructures, principalement dans les secteurs minier, ferroviaire, du gaz et de l’électricité, du tabac, de la construction et de l’armement."
Durant la Première Guerre mondiale, ces échanges entre les deux nations souveraines se trouvèrent encore renforcés par les forces vives en présence dépêchées pour assurer la défense du territoire belge. Un acte symbolique d'hommage aux victimes de la guerre sera d'ailleurs assuré lors de ce déplacement royal à Lisbonne.
Du côté artistique, la peinture et la musique traduisent les préoccupations communes des deux peuples, avec notamment l'arrivée au XVe siècle du portraitiste Jan Van Eyck, envoyé au Portugal à la demande expresse de Philippe le Bon. Lors du séisme qui a ravagé la ville de Lisbonne en 1755, de nombreuses collections conservées dans des couvents furent perdues à jamais. Œuvres picturales et partitions de musique furent, en effet, anéanties par les destructions consécutives au cataclysme naturel du tremblement de terre et du tsunami.
Le Portugal a rejoint l'Union européenne, alors appelée Communauté économique européenne, le 1er janvier 1986, en même temps que sa nation voisine, l'Espagne. Ces dernières années, les échanges entre les institutions académiques belges et portugaises ont connu un renforcement notable, par le biais notamment d'une mobilité accrue des étudiants, grâce au programme Erasmus. Par ailleurs, la communauté portugaise est solidement implantée en Belgique, avec près de 65.000 personnes, réparties pour l'essentiel entre les villes de Bruxelles et d'Anvers, tandis que 4.000 Belges sont installés de nos jours au Portugal. Rappelons encore que le Portugal a soutenu la candidature de la Belgique, au poste de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies pour deux ans (2019-2020), sur base d'un accord de réciprocité. En tant que membre non permanent, la Belgique deviendra observateur de la communauté des pays de langue portugaise, autrement dit les pays lusophones.
Angélique TASIAUX
Photo : Lisonne - source Pixabay CC0