Dans quelques jours, les cimetières de notre diocèse seront de nouveau peuplés de vivants allant à la rencontre de leurs chers défunts. Mais beaucoup ne passent plus par l’église pour se préparer à ces visites. Comment accompagner ces chercheurs de sens au-delà de la mort ?
Faites le test : vous allez sur Google Images et tapez « Jour des Morts ». Vous verrez alors défiler un nombre impressionnant de photos de crânes tatoués en couleur, de fêtes foraines et de défilés dans les rues exprimant à la fois la joie et l’horreur. Au Mexique en effet, le « día de los muertos », est un jour de fête. Durant deux jours, les vivants célèbrent les morts. Le 2 novembre, dans les traditions mexicaines remontant à la période des Aztèques, un festin est préparé et des offrandes sont faites aux défunts. Des bougies sont allumées pour permettre aux âmes des personnes disparues de retrouver leurs proches. Les familles se rendent au cimetière et font la fête en buvant toute la nuit. Les Mexicains font même des gâteaux en forme d’os ou de cercueil. Bon appétit !
La mort dérange
Dans nos contrées, au milieu de cette société de la recherche de l’éternelle jeunesse, il n’y a plus vraiment de la place pour les morts. La Toussaint et sa sœur jumelle, le « Jour des Défunts » dérangent. C’est peut-être un des éléments qui expliquent le succès d’Halloween : mieux vaut ridiculiser les peurs autour de la mort que de les prendre au sérieux.
Cette évolution interroge les Eglises et leurs traditions autour de la disparition des personnes aimées. Dans de nombreuses paroisses de notre diocèse, surtout dans les régions rurales, les vêpres du 1er novembre invitent encore à créer un lien entre la « communion des saints » et cette « armée de simples gens » qui sont passés de l’autre côté de la vie. En certains endroits, les églises sont presqu’aussi bondées que jadis lors de cette fête, mais la diminution de la pratique se fait sentir aussi dans ce domaine central de la foi chrétienne.
Faut-il alors réinventer la pastorale de la mort ? Dans le domaine de l’accompagnement d’un deuil lors d’un décès, de grands changements ont vu le jour ces dernières années : des funérailles sans eucharistie, des équipes de laïcs qui entourent les familles dans les moments importants, des célébrations adaptées aux besoins et aux convictions des proches, etc.
Place à l’imagination !
Qu’en est-il des rites qui entourent la Toussaint et le Jour des Défunts ? La consigne du pape François s’applique peut-être aussi dans ce domaine : aller vers les périphéries, rejoindre les gens là où ils sont. L’imagination des pasteurs, des équipes pastorales et des paroissiens porte de beaux fruits qui mériteraient d’être réunis dans un manuel pour célébrer ces jours : bénévoles étant à la disposition des gens aux entrées des cimetières, distribution aux familles d’eau bénite avec invitation d’aller eux-mêmes bénir les tombes de leurs proches, églises ouvertes et accueillantes…
Que l’espérance chrétienne continue d’illuminer nos cimetières ! Pas besoin d’y faire la fête à la manière des Mexicains, mais nous avons la mission de remplir ces lieux de mort d’une sérénité, j’ose même dire d’une joie qui sont d’un autre monde…
Ralph SCHMEDER
Le « dia de los muertos » au Mexique, occasion de festivités folkloriques – © Scarica Bozzetto